Voilà maintenant 9 mois que le chapitre du Manuel de Formation Technique « Guide de Palanquée – Niveau 4 » a été une nouvelle fois mis à jour. La dernière révision du texte date du 28 Mars 2019, et cette version semblant stable, il m’a semblé intéressant de la détailler une nouvelle fois pour bien la décrire, l’expliquer, et y apporter mon commentaire, en toute bienveillance. C’est maintenant la version 3.3 de ce texte qui n’a cessé d’évoluer depuis la première évolution, mise en pace le 10 Juin 2013, qui officialisait la disparition du diplôme de « Plongeur niveau IV Capacitaire ». Voici donc le détail des attendus que doit réaliser un candidat pour décrocher ce fameux sésame, permettant de passer dans le monde de l’encadrement en plongée.L’examen est découpé en 3 groupes :
- Groupe 1 : Épreuves de condition physique (100 points à attribuer au total)
- Groupe 2 : Épreuves pratiques, lui-même subdivisé en 2 sous-groupes
- Sous-groupe A : Conduite de palanquée et technique à 40 mètres (160 points à attribuer au total)
- Sous-groupe B : Maîtrise et démonstrations pratiques et techniques (120 points à attribuer au total et 1 mention « fait/non fait »)
- Groupe 3 : Épreuves théoriques (260 points à attribuer au total)
Pour être admis, il convient d’obtenir la moyenne dans chaque groupe d’épreuve, et pour le Groupe 2, d’obtenir la moyenne dans chaque sous-groupe. De plus, il faut obtenir un total général pour l’ensemble de toutes les épreuves d’au moins 320 points correspondant à une moyenne générale de 10/20, ne pas avoir de note inférieure à 5/20 (note éliminatoire) , obtenir la moyenne de 10/20 dans chacun des trois Groupes 1, 2 et 3, obtenir la moyenne de 10/20 dans chaque Sous-groupe du Groupe 2, et avoir réalisé toutes les épreuves. Toute épreuve non faite est éliminatoire. En clair, il est demandé de ne pas avoir de lacune importante sur une des épreuve composant cet examen.
Maintenant, regardons ensemble plus en détail le contenu de chaque groupe.
Les épreuves de condition physique sont au nombre de trois : « Mannequin », « 800 mètres PMT » et « Plongée libre à 10 mètres » (apnée à 10 mètres).
- Épreuve #1 – Mannequin (coefficient 2) : elle ne subit pas de modification notoire, la précision sur la prise du mannequin est effectuée, suite à des réclamations effectuées : « Le candidat doit maintenir le mannequin, les voies aériennes hors de l’eau en utilisant une prise et une tenue du mannequin applicable à une victime réelle, selon la prise classique (bras placé sous l’aisselle, main sur la poitrine, tête du mannequin sur l’épaule) en se déplaçant sur le dos ». sur cette épreuve, 12 points sont attribués en fonction du temps, et 8 points sont attribués pour la tenue et l’efficacité lors du tractage du mannequin. Je ne saurais que recommander de travailler sur ces 8 points, le temps effectué au global pour l’épreuve n’est pas le critère discriminant ! (si l’épreuve réalisée entre 5 minutes et 7 minutes, le candidat comptabilise déjà entre 7 et 10 points acquis !).
- Épreuve #2 – 800 mètres PMT (attention coefficient 2 dorénavant) : de même, elle ne subit pas de changement notoire, hormis ce doublement du coefficient. la note de 10/20 est obtenue pour un temps effectué entre 16 minutes 1 seconde et 16 minutes 30 secondes pour les femmes, et entre 15 minutes 1 seconde et 15 minutes 30 secondes pour les hommes, ce qui est tout à fait réalisable avec un minimum d’entrainement !
- Épreuve #3 – Plongée libre à 10 mètres (attention coefficient 1 dorénavant) : elle mérite que l’on détaille quelques points. Le masque de l’examinateur est à 10 mètres, le candidat devra donc descendre plus bas que le masque pour pouvoir se stabiliser à hauteur du masque. Lors de la phase de remontée, le candidat effectue un tour d’horizon en stabilisation (il doit donc maîtriser sa vitesse de remontée, et en arrivant en surface, il ne doit pas avoir son tuba en bouche. Une note éliminatoire est attribuée si le candidat n’atteint pas les 10 mètres de profondeur ou si il ya « une perte de contrôle moteur » (crise de samba a priori) ou une syncope en sortant la tête de l’eau. De même que pour les deux autres épreuves, avec un peu de travail et d’entrainement, il n’y a pas de difficulté intrinsèque à l’effectuer correctement.
Les épreuves du Sous-Groupe A du Groupe 2 sont au nombre de deux : « Conduite de palanquée » et « Intervention sur un plongeur en difficulté à 40 mètres ».
- Épreuve #4 – Conduite de palanquée (coefficient 5) : elle n’a pas évolué de façon notoire par rapport à la version précédente. C’est une épreuve d’exploration où tout se déroule bien, le candidat ne doit veiller qu’à la sécurité des plongeurs qu’il encadre (comme c’est précisé dans le texte « sans aucune simulation d’incident nécessitant une intervention de la part du candidat »). Le candidat effectue un briefing, une partie en immersion en exploration et enfin un débriefing. La sécurité est le maître mot de cette épreuve, et j’aime à répéter que le candidat doit s’adapter aux compétences des plongeurs qu’il encadre, proposer une plongée intéressante et surtout « dire ce qu’il va faire » et « faire ce qu’il a dit » !
- Épreuve #5 – Intervention sur un plongeur en difficulté à 40 mètres (coefficient 3) : c’est une épreuve de démonstration technique de maîtrise d’une situation évolutive (« Il doit pouvoir s’adapter à une situation évolutive : perte de conscience, lâcher de détendeur ou panne d’air). Les éléments qui sont pris en compte sont la qualité de la prise en charge (rapide, efficace et sans tramsission de stress), le contrôle de la vitesse de remontée (les ordinateurs ne doivent pas bipper !), le profil de la remontée (il doit être linéaire, sans arrêts ni redescente), l’arrêt au palier (entre 5 et 3 m) et le tour d’horizon. La vitesse de remontée doit définitivement maîtrisée au plus tard à l’arrivée à 35 mètres (très tôt donc !). Les critères éliminatoires sont : tout comportement impactant la sécurité (non remise en bouche du détendeur, remontée trop rapide par exemple), un manque de réactivité au fond (candidat narcosé), une redescente de plus de 2 mètres à n’importe quel moment de l’épreuve (au fond, à la remontée et au palier), et percer la surface sans marquer l’arrêt au palier. Cette épreuve n’est pas simple en soi, et nécessite un vrai travail technique approfondi pour bien la réussir.
Les épreuves du Sous-Groupe B du Groupe 2 sont au nombre de quatre : « Matelotage », « Descente, stabilisation et vidage de masque à 40 mètres », « DTMR de 25 mètres », et « Nage avec scaphandre sur 500 mètres » (500 mètres capelé).
- Épreuve #6 – Matelotage (coefficient 2) : c’est une épreuve orale qui a bien évolué et qui sert à vérifier que le futur GP sera un ou une bon(ne) équipier (équipière) du DP. Le candidat est questionné sur les manœuvres en général (départ du port, arrivée au mouillage, retour au port, amarrage), sur les procédures de mise à l’eau et de récupération des plongeurs, sur le matelotage en tant que tel (réalisation de plusieurs nœuds courants), sur l’installation des supports de sécurité (pendeur, bloc de secours, ligne de vie, parachute d’ancre, …), sur la connaissance des procédures et du matériel de sécurité, ainsique quelques éléments de lecture de cartes. On est sur de l’approfondissement de l’organisation de plongée au Niveau 3.
- Épreuve #7 – Descente, stabilisation et vidage de masque à 40 mètres (notée sur 40 points avec 2 sous-épreuves à coefficient 1) : Il s’agit de l’épreuve de descente dans le bleu (notée sur 20), enchaînée avec un VDM stabilisé à 40 mètres. L’épreuve se déroule donc sur un fond de 43 à 45 mètres. Pour la descente (tête en bas), c’est la verticalité et l’absence de vrille qui est évaluée, pour démontrer une vraie aisance (le candidat veillera donc à bien sentir les bulles glisser contre lui au moins jusqu’au genou). Il ne faut pas commencer sa stabilisation avant 35 mètres. Dès que le candidat est stabilisé, il l’indique aux moniteurs (la rapidité d’exécution est importante à ce niveau), et il lui es demandé d’effectuer un VDM stabilisé sans varier de plus ou moins 2 mètres. Cette épreuve s’enchaîne ensuite avec l’épreuve #5 (intervention sur un plongeur en difficulté) du Sous-groupe A. Pour bien réussir cette épreuve, il ne faut pas descendre trop vite, et bien forcer sur son expiration pendant la descente pour lutter efficacement contre la narcose (qui risque de gêner le candidat pour le VDM et la suite).
- Épreuve #8 – DTMR à 25 mètres (coefficient 2) : Cette épreuve a un peu évolué et n’a qu’une visée technique, car elle est sans rapport avec une situation réelle : Stabilisés à une profondeur de 25 mètres, en réponse au signe « Je n’ai plus d’air » effectué par le moniteur, le candidat lui présente son octopus (le manuel ne précise si il le lui remet en bouche, on peut donc supposer que le moniteur l’attrape), et entame une remontée assistée en gérant les 2 gilets (le moniteur a une attitude strictement passive). Il ne peut que purger le gilet du moniteur, et n’a pas le droit de regonfler le sien plus de 2 fois. La remontée se termine à la profondeur de 6 mètres. Cette première phase est évaluée sur 16 points. La deuxième consiste en l’envoi du parachute (à l’aide de son octopus) en restant stabilisé à 6 mètres. La stabilisation, la rapidité d’exécution et la qualité de gonflage du parachute sont les principaux critères d’évaluation, pour un total de 4 points. Comme pour l’épreuve #5 (intervention sur un plongeur en difficulté) c’est une démonstration technique, les points se gagnent pendant la remontée !
- Épreuve #9 – Nage avec scaphandre sur 500 mètres (fait/non fait) : Cette épreuve individuelle, réalisée en groupe, se déroule dans un temps maximum de 16 minutes (soit 3 minutes de plus que pour le Niveau IV Capacitaire. Un palmage efficace, et le maintien du détendeur en main sont des point important pour bien la réussir. Attention, la cotation « Non fait » est éliminatoire.
Les épreuves théoriques sont au nombre de cinq : « Décompression », « Anatomie, physiologie et physiopathologie du plongeur », « Aspects théoriques de l’activité », « Cadre réglementaire de l’activité », et « Matériel de plongée ».
- Épreuve #10 – Décompression (coefficient 3) : Cette épreuve peut comporter trois types de problèmes couvrant les connaissances théoriques en décompression, ainsi qu’en anatomie-physiologie et en physique en lien avec la décompression, l’utilisation des tables de plongée MN90, ainsi qu’une étude de cas concrets mettant en jeu diverses procédures de décompression. L’épreuve comporte au moins un problème de tables de plongée MN90.
- Épreuve #11 – Anatomie, physiologie et physiopathologie du plongeur (coefficient 4) : Cette épreuve sert à contrôler les connaissances autour de l’anatomie (appareil ventilatoire, appareil circulatoire, anatomie de l’oreille) et sur potentiellement sur l’ensemble de l’accidentologie liée à la plongée (barotraumatismes, narcose, essoufflement, œdème pulmonaire d’immersion, apnée, froid, déshydratation, hydrocution (de son nom savant « syncope thermo-différentielle »).
- Épreuve #12 – Aspects théoriques de l’activité (coefficient 2) : Cette épreuve sert à contrôler les connaissances autour de la flottabilité, compressibilité, pressions partielles, optique et acoustique. C’est une évolution de l’ancienne épreuve théorique de physique.
- Épreuve #13 – Cadre réglementaire de l’activité (coefficient 2) : Cette épreuve sert à vérifier que le candidat connaît le cadre réglementaire, ses prérogatives, la structure de la FFESSM, la différence entre responsabilité pénale et responsabilité civile, les EPI (équipements de protection individuel), et les normes. Avec un peu de bachotage, on peut facilement avoir une très bonne notre sur ce point. A noter que le sujet des EPI étant relativement nouveau, il a tendance à être proposé à chaque session d’examen !
- Épreuve #14 – Matériel de plongée (coefficient 2) : C’est une épreuve orale, où il est demandé au candidat de commenter des planches, des schémas, des dessins ou des éclatés, sur le matériel en général (compresseur, blocs, détendeurs, manomètre, gilet, ordinateur).
Pour terminer sur cette présentation (qui peut passer pour une paraphrase du texte original, j’en conviens), je vais rappeler qu’un candidat, pour pouvoir se présenter à l’examen, doit fournir un document attestant que certaine aptitudes ont été démontrées avant l’examen. Ce document (dont le modèle est fourni dans le MFT) est un certificat (signé par un MF1 ou équivalent) pour les aptitudes suivantes :
- Aptitude A1 : Compétences de conduite de palanquée
- Compétence C1 : Accueillir, conseiller et répondre aux demandes des plongeurs et du public.
- Compétence C5 : Participer à l’organisation de l’activité.
- Compétence C8 : Prendre en charge et guider un groupe de plongeurs en exploration
- Compétence C15 : Connaître et respecter l’environnement subaquatique
- Aptitude A2 : Intervention sur un plongeur en difficulté à 40 mètres (avoir acquis la compétence C6 : » Sécuriser l’activité, prévenir les risques et intervenir si besoin » et avoir réalisé de façon probante l’épreuve #5).
- Aptitude A3 : Démonstration Technique de Maîtrise de Remontée Gilet (DTMR) (avoir réalisé de façon probante l’épreuve #8).
- Aptitude A4 : Nages PMT et capelée (avoir réalisé de façon probante en milieu naturel les épreuves #2 et #9).
Suite à sa mise en place depuis plusieurs mois, et après lecture attentive, je considère qu’à ce jour, nous sommes face à un examen équilibré, certes dense, mais qui couvre l’ensemble du scope d’intervention d’un ou d’une Guide de Palanquée. Ce qui est réconfortant dans cette version, c’est que nous soyons enfin sorti du débat « pour ou contre la RSE ». Elle n’existe plus, et n’est plus à l’ordre du jour. Je note que l’épreuve de DTMR a un peu évolué afin qu’elle soit plus fluide (arrivés à 6 mètres, on enchaîne immédiatement sur l’envoi du parachute). Je n’ai pas compris pourquoi il y a une permutation de coefficient entre le 800 mètres PMT et l’apnée à 10 mètres, considérant à titre personnel que l’apnée à 10 mètres est une épreuve plus technique que de la nage pure… Le 500 mètres capelé est pérennisé, redevient une épreuve individuelle et le temps imparti est assoupli (peut-être cela est-il dû à l’âge moyen des candidats qui semble être en augmentation). Pour terminer, la théorie a été elle aussi « nettoyée », la partie décompression est bien dépoussiérée, même si je regrette (à titre personnel) de voir encore un problème de tables subsister à l’examen (cela me parait totalement anachronique !).
J’ai détecté une petite coquille dans la mise en page actuelle (novembre 2019) : l’épreuve de matelotage est tantôt rattachée au Sous-groupe A tantôt au Sous-groupe B, mais elle appartient bien au sous-groupe B.
De votre côté, quel est votre sentiment, en tant que moniteur ou en tant que stagiaire, sur cette « nouvelle » version de l’examen ? Merci par avance pour vos retours !
Hello,
Ayant passé l’examen cette année et donc avec cette mouture, je suis assez d’accord avec ton analyse ! C’est un examen dense, mais qui couvre les compétences requises ! C’est sûr qu’il demande un investissement en temps et en entraînement qui est loin d’être négligeable, il faut réellement s’y préparer à l’avance.
Pour ma part, c’est une formation et un examen que j’ai apprécié, et qui m’a permis d’avoir confiance aujourd’hui dans mes capacités pour guider d’autres plongeurs de par toutes les connaissances et compétences acquises et validées.
Pour les tables, effectivement anachroniques, j’ai quand même apprécié de bien comprendre comment cela fonctionne. Mais en fait c’est plus les différents algorithmes utilisés dans les ordinateurs qu’il faudrait nu peu mieux connaître à mon sens, que l’utilisation pure des tables qu’on n’utilise plus jamais dans la réalité…
Merci pour tes articles super intéressants !
Tout d’abord merci pour tes encouragements et bravo a toi pour la réussite à l’examen !
C’est vrai qu’il faut repenser complètement l’enseignement de la décompression, perso j’ai produit un support sur les modèles de décompression