À quoi peut ressembler une journée de formation Niveau 4 ?

La formation « Niveau 4 – Guide de Palanquée » jouit d’une réputation de formation exigeante, fatigante, voire « Commando ». À chaque fois qu’on me pose la question si il s’agit d’une formation difficile, j’essaie de la démystifier. Certes, c’est une formation qui nécessite un investissement personnel supérieur aux autres formations, mais elle ne présente pas de difficulté intrinsèque, le but étant de démontrer un niveau moyen à l’ensemble des épreuves. Comme je contribue cette année à la formation Guide de Palanquée du Codep 44, en appui de la Commission Technique Départementale, je me suis dit qu’il pouvait être intéressant de décrire le contenu d’une journée type, afin d’éclaircir les attendus, et de désacraliser cette formation. Comme j’ai pu participer à un regroupement très récemment, je vais raconter dans la suite de ce billet comme s’est déroulée la journée en question.

Nous nous sommes retrouvés à la carrière de Questembert, bien connue des plongeurs de l’Ouest. Onze stagiaires étaient présents, tandis que neuf moniteurs avaient répondu à l’appel de Stéphane R., le responsable de la formation pour la CTD44. Il faut noter que nous avons intégré des plongeurs Niveau 2 à cette formation, sachant qu’ils doivent tous passer leur Niveau 3 préalablement au stage final. Les plongeurs Niveau 2 se sont vus attribuer un moniteur particulier afin de leur permettre de progresser plus rapidement.

Stéphane à d’abord réuni les moniteurs afin de les briefer, de leur présenter en détail le contenu de la journée (un échange préalable par mail avait eu lieu de telle façon que les moniteurs puissent s’imprégner des sujets avant la journée), et de répartir les moniteurs sur les différents ateliers à mettre en place. Ensuite, cela a été au tour des stagiaires d’être briefés par Stéphane, qui s’est employé à dédramatiser le contenu de la journée.

Avec Olivier, un autre ami moniteur (que j’ai eu le plaisir de retrouver à ce regroupement, car je l’ai moi-même formé au niveau 4), nous avons pris en charge l’échauffement des stagiaires, et nous avons pu remédier les techniques de nage d’un certain nombre d’entre eux. L’échauffement consiste à effectuer un tour de carrière en PMT, ce qui correspond à une distance un peu inférieure à 400 mètres. Nous avons ensuite mis en place trois ateliers, comme indiqué par Stéphane :

  • Atelier « Apnée » : Le but de cet atelier est de perfectionner la technique du canard pour tous les stagiaires.
  • Atelier « Mannequin 1 » : Le but de cet atelier est de permettre aux stagiaires d’appréhender la première partie de l’épreuve du mannequin, à savoir « 100 mètres PMT + 20 » d’apnée ».
  • Atelier « Mannequin 2 » : Le but de cet atelier est de permettre aux stagiaires d’aller chercher le mannequin sur un fond de 4 mètres, et d’effectuer le tractage sur une distance d’environ 100 mètres.

Les stagiaires se sont répartis en 3 groupes et ont tourné d’un atelier à l’autre. Je me suis positionné sur l’atelier « Mannequin 2 » et j’ai pu accompagner les stagiaires sur cet exercice, sans objectif de temps. Une fois les trois ateliers terminés, nous sommes sortis de l’eau pour aller nous hydrater, et enfiler nos « habits de lumière », à savoir nos scaphandres autonomes. Les palanquées ont été constituées par notre Directeur de Plongée, et j’ai eu le plaisir de buller avec deux plongeurs Niveau 3, une jeune fille (E.) et un jeune homme (S.). Cela m’a particulièrement fait plaisir, car je suis assez préoccupé par le vieillissement des cadres de notre activité… Souvent les stagiaires N4 sont des quarantenaires, voire plus, aussi, rencontrer des jeunes passionnés âgés d’environ trente ans est un vrai plaisir !

La plongée technique effectuée consistait en une descente dans le bleu, un vidage de masque vers 26 mètres et une remontée assistée, en privilégiant l’usage de la purge rapide, et en tentant de se passer des instruments. Mes deux stagiaires ont parfaitement réalisé les attendus, et je n’ai eu que quelques détails à remédier, notamment sur la verticalité dans la descente dans le bleu, et la lenteur de la remontée assistée.

Après un débriefing détaillé avec mes deux stagiaires, nous nous sommes rendus au restaurant pour nous réchauffer et nous réhydrater autour d’un bon repas chaud !

Au retour de la pause méridienne, Stéphane, notre DP, a effectué un topo à tous les stagiaires sur la connaissance et le positionnement du matériel de sécurité, afin de les sensibiliser à la prévention des accidents. Nous avons ensuite enchaîné sur l’épreuve de Guide de Palanquée (constituée du Briefing, de la plongée encadrée, et du débriefing associé). Le sujet consistait à emmener plonger un plongeur Niveau 1, qui a obtenu son diplôme il y a 4 ans, qui affiche 16 plongées au compteur, et qui a effectué sa dernière plongée il y a deux mois aux Maldives. L’objectif était entre autres de bien appréhender la prévention du froid. Mes deux stagiaires m’ont présenté un brief plutôt structuré, ont respecté le programme annoncé et m’ont fait un débriefing  qui était pas trop mal ! J’ai moi-même effectué une remédiation immédiate après chaque constituant de l’épreuve, dans le but de ne rien oublier. J’en ai profité pour faire de la promo sur mes supports de cours en ligne, notamment celui sur « Le Briefing du Guide de Palanquée » .

La journée s’est terminée vers 17h00 environ, et nous nous sommes quittés, les stagiaires avec le sourire (ce qui est important !) et les moniteurs avec le sentiment du travail accompli (ce qui est tout aussi important !). Comme à mon habitude, j’ai utilisé ma GoPro afin de filmer les diverses prestations effectuées (en prenant le soin de demander l’autorisation aux stagiaires préalablement !). J’y vois vraiment un intérêt pour permettre un débriefing plus efficace quand on doit remédier à quelques défauts.

J’aime beaucoup participer et contribuer à ces formations de Guide de Palanquée, car, au-delà des gestes techniques indispensables que nous devons enseigner, nous avons aussi à sensibiliser les stagiaires sur leur savoir-être en tant qu’encadrant de plongée. J’espère que ce court billet aura permis de démystifier le contenu d’une journée de formation pratique Niveau 4, et qu’il permettra de lever d’éventuelles inquiétudes… De votre côté, qui vous soyez stagiaire ou moniteur(trice), comment vivez-vous les journées de formation Niveau 4 ? Merci d’avance pour vos retours !

7 réflexions au sujet de “À quoi peut ressembler une journée de formation Niveau 4 ?”

  1. Bonjour, je ne comprends pas bien pourquoi « intégrer des plongeurs N2, sachant qu’ils doivent passer leur N3 préalablement au stage final »…
    Merci de ta réponse !
    Michel

    • Bonjour Michel,
      auparavant, on pouvait s’inscrire au N4 alors que l’on avait « que » le Niveau 2. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, il faut être titulaire du N3 pour pouvoir se présenter au stage final. L’idée d’intégrer des N2 (expérimentés) est de leur faire faire la formation N3 en parallèle du N4, de telle sorte qu’ils fassent tout en une année. Nous avons pu constater une baisse du nombre d’inscrits depuis que le N3 est exigé, c’est un moyen d’enrayer cela

  2. Bon résumé Philippe, mais que devient le film de ta Gopro ? privé ou nous le feras tu partager

    A+ Jacques

    • Salut Jacques !
      Il est en cours de montage, je le partagerai bien entendu, les stagiaires étaient d’accords ! (et tu es très beau dessus ! 😉 )

  3. Salut Philippe, merci pour ce post tout à fait d’actualité en ce qui me concerne… Je me lance dans la préparation N4 dès samedi… 🙂 Comme d’habitude, je n’hésiterai pas à puiser dans tes différentes publications! Bien à toi, Gregory

  4. L’épreuve du mannequin… Combien pourrait encore le faire des années plus tard ?
    Un one shot pour une carte à vie… No comment…

    « L’idée d’intégrer des N2 (expérimentés) est de leur faire faire la formation N3 en parallèle du N4, de telle sorte qu’ils fassent tout en une année. Nous avons pu constater une baisse du nombre d’inscrits depuis que le N3 est exigé, c’est un moyen d’enrayer cela »
    Et bien oui, la seule fédération en baisse au Monde est la française. Alors on assoupli comme les autres, on s’ouvre doucement, mais trop tard…

    • Merci pour ton commentaire anonyme !
      la carte à vie me semble-t-il est en vigueur dans quasi tous les organismes…
      J’ai passé mon Niveau 4 en 2004 (capacitaire à l’époque) alors que je n’étais « que » N2, il y a eu un durcissement de la règlementation depuis. La possibilité d’intégrer des plongeurs N2 et de leur faire la formation N3 en parallèle du N4 est une décision locale que je salue.

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