Pour les vacances de printemps, avec S., ma binôme préférée, nous avons décidé de retourner tremper nos palmes en Espagne, et plus précisément à L’estartit, fameux petit village de Catalogne qui est connu des plongeurs comme la porte d’accès à la réserve naturelle des îles Médès. C’est maintenant la troisième fois que nous y allons, même si ce n’est que la deuxième fois que j’y plonge, la faute à une méchante sciatique qui m’avait cloué au lit il y a deux ans. Il y a pléthore de centres de plongées à L’estartit, si vous voulez y plonger, vous n’aurez que l’embarras du choix ! En ce qui nous concerne, nous faisons confiance au centre de plongée « OceanSub Estartit » animé par les très sympathiques et compétents Gemma Aymerich et David Carbó. Comme à mon habitude, vous trouverez ci-dessous un compte-rendu de nos plongées, afin que ceux et celles qui souhaitent aller s’immerger là-bas aient une meilleure idée de ce qui les attend…
Comme je l’ai signalé dans mon introduction, il y a beaucoup de centres de plongée à L’estartit, certains sont d’énormes structures, dédiées à l’accueil de groupes de plongeurs (tel le centre « La Sirena » qui possède pas moins de 4 bateaux !), d’autres sont plus petits, et c’est le cas de la structure de Gemma et David, qui limite le nombre de plongeurs par sortie.
Le tableau ci-dessous liste les centres que j’ai pu identifier avec leurs coordonnées :
Centre de Plongée | Adresse Physique | Téléphone / Mail |
Cami Vell, 2 (Camping Rifort) | +34 972 750 656 info@aquatica.cat |
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Cala Pedrosa, 1 | +34 972 751 488 info@calypsodivingestartit.com |
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Avda. Grècia, 5 | +34 972 751 392 info@elreidelmar.com |
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C/Eivissa, 17 Local 3 | +34 606 243 235 info@lescolanauticdiving.com |
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Ctra. Platera s/n local A (Càmping La Sirena) |
+34 972 750 954 diving@la-sirena.net |
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Illes, 55 | +34 972 751 239 info@hotellesilles.com |
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Passeig Maritim,13 | +34 972 752 043 info@medaqua.com |
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Salines, 23 | +34 607436 077 gemma@oceansub-estartit.com |
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Passeig Maritim,10 | +34972 751 768 info@unisub.es |
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Eivissa, 1 | +34 972 752 071 info@xalocdive.cat |
Oceansub est ce que j’appellerais un centre de plongée familial. Il est situé au sud de L’estartit, au numéro 23 de la Carrer Les Salines. Le local est très ingénieusement organisé avec un espace « vestiaire / douches » à l’entrée, un espace rinçage matériel et au fond , un espace matériel (blocs / combis / plomb / …). On grée son bloc sur place, et on le charge dans une camionnette pour se rendre ensuite au port pour rejoindre le semi-rigide du club. Ce bateau est un Valiant, rapide et confortable de 8,50 mètres, équipé d’un moteur « inboard » de 260 CV. Cette configuration rend le navire vraiment très pratique : une échelle perroquet est installée sur l’arrière du bateau et la remontée à bord est donc très grandement facilitée. D’autre part, la rapidité du bateau de Gemma lui permet d’être toujours la première sur les spots de plongée, et donc de larguer ses plongeurs sur des sites non occupés (on ne croise les plongeurs que en fin de plongée). Gemma organise 3 sorties par jour, tous les jours : le rendez-vous matinal est fixé à 08h00, 10h30, et 15h30. Nous avons personnellement opté pour les deux plongées du matin, ce qui fait que nous avions un intervalle surface d’environ 1h30 à 2h00 entre les deux plongées et nous laissait tout l’après-midi pour nous restaurer, nous reposer et nous balader ! Pendant le temps de l’intervalle surface, les blocs partent au compresseur et reviennent quelques minutes plus tard gonflés à 220 bar !
Nous sommes arrivés devant le centre le dimanche 6 mai matin accompagné par un temps breton. Quelques minutes après, nous avons vu le fourgon de Gemma, qui nous a gratifiés d’un coucou très amical et d’un accueil qui ne l’était pas moins, bien que cela fasse deux ans que nous ne nous étions pas revus ! Après le contrôle rituel des certificats, Gemma nous a laissé nous équiper tranquillement. Nous récupérons chacun ensuite un « mesh-bag » pour nos palmes et notre petit matériel (afin que le minimum de choses ne traînent à bord du semi-rigide). quand on arrive au port, on charge les scaphandres à bord par palanquée (sans les plombs dans les gilets !), puis on embarque pour terminer de gréer le matériel, et nous partons plonger.
Sur les dix plongées effectuées, nous avons alterné les plongées à la côte le long de la « Costa Del Montgri » (ce qui m’a bien plu, car j’ai pu découvrir des sites que je n connaissais pas) et les plongées dans la réserve des îles Médès. Cette réserve a été mise en place à partir de 1983, pour être totalement opérationnelle en 1990. Les mouillages y sont strictement interdits et le nombre de plongeurs quotidiens est limité. Chaque plongeur paye une taxe par plongée d’un peu plus de 5,00 €. On plonge donc dans un environnement protégé, très riche en faune fixée, et en faune mobile ! Clairement, cette approche mérite l’attention et le respect et devrait être beaucoup plus généralisée sur nos côtes.
Plongée #1 : Illa de la Pedrosa
C’est une plongée d’ambiance où on plonge le long de l’île de la Pedrosa. Il s’agit de descendre main gauche vers une espèce de canyon très étroit dans sa partie, ce qui fait croire à un tunnel. Le « tunnel » fait à mon avis environ 75 mètres de long, mais on voit toujours la lumière au bout. A l’intérieur, on trouve du corail rouge et pas mal de concrétions. Le retour se fait main droite par l’extérieur et on y croise la faune récifale classique de Méditerranée (murènes et rascasses notamment).
Plongée #2 : Pedra de Déu
La bateau mouille au nord de l’ile Meda Gran sur une bouée installée par les gestionnaires de la réserve naturelle. Il s’agit de partir main droite vers le caillou qui émerge à l’est de l’île (le « Pedra de Déu ») en longeant le tombant. Dans la zone des 20 mètres, on trouve un pinacle un peu isolé, couverts de gorgones bleues et jaunes. On peut en faire facilement le tour. Quand nous l’avons exploré un très gros mérou (Epinephelus Marginatus) occupait les lieux ! Après le pinacle, on peut soit continuer main droite à la même profondeur, soit descendre pour trouver un autre tombant avec de belles gorgones. Le retour s’effectue bien entendu main gauche en remontant dans la zone des 10 mètres afin de limiter sa saturation. Sur le chemin du retour, on peut observer de nombreuses rascasses rouge (Scorpaena Scrofa), et des murènes (Muraena Helena).
Plongée #3 : Épave du Reggio Messina
Je n’ai pas trouvé le plan décrivant cette plongée, juste la photo de ce ferry. Le Reggio Messina mesurait environ 122 mètres de longueur. Initialement, ce navire avait été consacré au transport ferroviaire. Le bateau est cassé en trois morceaux, et la visibilité est souvent mauvaise sur ce site. Le mouillage est posé à l’arrière de la poupe et repose vers 33 mètres de profondeur. La longueur et la profondeur ne facilitent pas l’exploration complète de l’épave. En général, on fait le tour de la poupe, en allant admirer le mat encore debout, puis on revient vers le récif pour remonter et dessaturer tranquillement. Il ne faut pas s’attendre à trouver beaucoup de vie sur cette épave, ce qui est assez étrange, par contre le mât est entouré de beaucoup de sars tambour (Diplodus Cervinus) et de castagnoles (Chromis Chromis).
Plongée #4 : Dofí Sud
Cette plongée permet d’explorer plusieurs tunnels ainsi qu’une caverne dans laquelle une poche gaz permet de mettre la tête hors de l’eau pour les plongeurs autonomes (attention à ne pas respirer ce gaz, je ne pense pas qu’il soit respirable). « L’attraction » de la plongée est la petite statue de dauphin installée à l’entrée d’un des tunnels pour rappeler le dauphin qui avait élu domicile sur les Médès et qui décimait la faune… C’est typiquement une plongée d’ambiance avec des jeux d’éclairage très sympas. J’ai été surpris par le nombre de murènes, très farouches par ailleurs, que l’on peut admirer sur ce site. Dans la caverne, j’ai pu voir observer deux gros mérous qui se « reposaient » tranquillement au calme !
Plongée #5 : Carall Bernat
Le Carall Bernat est la roche la plus haute et la plus septentrionale de l’archipel des Médès. On s’immerge près du mouillage , à l’ouest de la roche, et on part main gauche pour faire le tour complet du caillou. Le but est de franchir la passe existante en Carall Bernat et Tascó Gros. Pour faire le tour, il faut se positionner en début de plongée vers 18 mètres, et remonter progressivement vers la zone des 12-14 mètres pour ne pas rater la remontée vers la passe (si on reste trop profond, on est bon pour aller s’enrouler vers le Tascó Gros !) En tout début de plongée, on est sur la face exposée, on peut admirer de nombreuses gorgones bleues et jaunes, et si on est veinard, de voir des passages de raies aigles dans le bleu ou admirer un gros banc de barracudas (nous n’avons pas cette chance). Quand on arrive dans la passe, le fond remonte vers 6 mètres, et en basculant de l’autre côté, on a le plaisir de pouvoir admirer des bancs de corbs (Sciaena Umbra), des dentis (Dentex Dentex)et des pagres (Pagrus Pagrus).
Plongée #6 et #9 : Negre Del Falaguer
Comme pour la plongée sur le Reggio Messina, je n’ai pas trouvé le plan décrivant cette plongée, juste la photo d’ensemble du site. Ce qui est plaisant sur ce site, c’est que l’on peut y faire au moins deux parcours. Le premier se situe dans la zone des 18-20 mètres pour admirer le tombant en partant main gauche autour de la point et pour revenir main droite dans la zone des 10 mètres. J’ai pu y observer nombre de spirographes de toutes tailles et de toutes couleurs (pourtant, je suis daltonien de la pire espèce), ainsi que de nombreuses anémones. Si on cherche plus de profondeur, on descend à la limite sable roche en début de plongée et on trouve à un moment une roche oblongue dans la zone de 26-28 mètres. Il est possible et facile d’en faire le tour, et c’est un véritable ravissement : on peut y observer du corail rouge, des anémones encroûtantes jaunes, et une grosse colonie de langoustes de toutes tailles, des galathées, et de très nombreuses bonellies (vous savez, ce ver sombre qui se rétracte comme un fil…). J’ai même eu la chance de trouver un poulpe pas très content de voir ma GoPro se rapprocher de lui !
Plongée #7 : Tascó Gros
Le Tascó Gros est le caillou voisin du Carall Bernat. La plongée consiste donc à s’immerger devant lui, et à partir main droite pour rejoindre le Carall Bernat dans la zone des 20 mètres (Attention cette fois, à être suffisamment profond en début de plongée pour ne pas réemprunter la passe explorée lors de la plongée #5). On y croise de gros mérous , et on peut admirer un énorme tombant vertical couvert de gorgones bleues et jaunes. Durant cette plongée, il m’est arrivée une mésaventure (sans gravité) qui m’a permis de réviser quelques gestes de sécurité. Nous plongions avec J.C. et son détendeur s’est mis à fuir au niveau de la jonction du deuxième étage et du flexible… Nous avons donc appliqué les procédures qui s’imposent pour terminer la plongée en toute sécurité !
Plongée #8 : Tascó Petit
Le Tascó Petit est, comme son nom l’indique le frère cadet du Tascó Gros, mais la plongée est très différente. Par rapport à l’image affichée le mouillage est maintenant beaucoup plus proche du pinacle en bas à gauche. On en fait le tour et on part quasi plein sud pour trouver l’accord de roche et les roches éboulées en fatras. Là, on peut avoir la chance d’assister à un spectacle rare, on peut croiser des groupes d’énormes mérous très débonnaires qui se laissent approcher sans crainte (pour peu qu’on soit lent dans ses propres mouvements et que l’on adopte une ventilation idoine). J’ai d’ailleurs pu filmer David, photographe émérite, en train de photographier un spécimen en gros plan, avec l’objectif quasi au contact du poisson qui se laissait « mitrailler » avec complaisance. C’est certainement une des plus belles plongées des Médès.
Plongée #10 : La Vaca
La Vaca est une très belle plongée sur l’ouest de Meda Gran. L’objet de cette plongée est de parcourir un énorme tunnel et ses ramifications qui traverse l’île de part en part. Dans ce tunnel, on peut y trouver un congre (pas vu), un gros homard (qui semble avoir trépassé), … et les inévitables mérous des Médès ! A la sortie du tunnel, on se trouve devant un éboulis de roches propices à abriter différentes espèces, telles les rascasses et autres murènes. J’ai aussi vu un groupe de corbs très peu farouches ! En repartant main droite on revient vers le point d’immersion et on retrouve l’entrée du tunnel du départ. C’est alors le moment de se promener dans les différentes ramifications, ce qui est très sympa. En revenant vers le mouillage, on peut observer de la faune très variée.
Nous avons passé une excellente semaine à L’estartit en compagnie de Gemma et David. Je ne saurais que trop vous recommander de plonger avec eux si vous cherchez à éviter les « usines à plongeur ». Ce qui est drôle aussi à L’estartit, c’est que l’économie du village tourne autour de la plongée : où que l’on soit, quelle que soit la terrasse sur laquelle on se trouve, ça parle plongée partout ! J’espère que ce petit compte-rendu vous aura donné l’envie d’y aller ou d’y retourner ! Si vous y avez déjà plongé, quelle est votre plus belle immersion au Médès ?
Merci d’avance pour vos retours !
Merci pour ce débrief que je garde au chaud pour mon week end là bas prévu dans un mois !
On en reparle et on croise nos expériences 😉
Merci à toi Eric de prendre le temps de me lire ! Si tu n’y as jamais plongé, tu vas voir, c’est la Méditerranée d’il y a 30 ans !
Un regret cependant, on ne plonge plus sur « El Medallot », ce site est fermé à la plongée depuis presque 4 ans maintenant, et c’était une super plongée…