S’il y a un élément de sécurité important dans l’équipement du plongeur, c’est bien le parachute de palier (SMB, littéralement Surface Marker Buoy en anglais). Son usage et sa maîtrise sont des chapitres importants dans l’acquisition de l’autonomie en plongée. De même, pour la formation des Guides de Palanquée, il est demandé aux apprenants de démontrer une bonne efficacité lors de l’envoi du parachute (à savoir, rapidité d’exécution, et maintien du niveau d’immersion à la profondeur d’arrêt). En Avril 2013, j’avais écrit un article sur le choix et l’utilisation d’un parachute de palier. En douze ans, les choses ont évolué, et j’ai moi-même modifié ma pratique. L’objet de ce billet est donc de faire le point sur ce sujet, et de vous proposer une méthode de gonflage que je trouve sécurisante et rapide.
Mon objectif n’est pas de rappeler comment gréer son parachute, vous pouvez pour cela consulter l’article que j’ai référencé ci-dessus. Mais tout d’abord, j’aimerais rappeler l’importance du parachute : il sert à signaler en surface la présence de plongeurs au palier, et l’endroit où ces plongeurs vont émerger. Si ce dernier est équipé d’une soupape, il reste bien gonflé en surface, et peut servir comme bouée sur laquelle les plongeurs de la palanquée peuvent prendre appui pendant le trajet de retour au bateau. C’est donc bien un élément primordial de sécurité.
Ensuite, j’aurais tendance à décrire la séquence pour un bon envoi du parachute sous la forme suivante :
Étape #1
Préparation du parachute (avec maintien du niveau d’immersion).
Étape #2
Libération du bout d’accrochage ou du spool (avec maintien du niveau d’immersion).
Étape #3
Gonflage du parachute (avec maintien du niveau d’immersion).
Étape #4
Mise en tension du bout ou du spool pour faire en sorte que le parachute soit vertical à la surface (et donc visible par la sécurité en surface).
Étape #5
Remontée à la vitesse recommandée le long du bout, en le maintenant en tension (pour que le parachute reste vertical en surface), et arrêt éventuel à chaque profondeur le nécessitant pour y effectuer les paliers obligatoires.

Moulinet, spool ou plomb ?
Loin de moi l’idée de relancer un débat d’esthètes sur la nécessité ou pas de l’utilisation d’un moulinet pour envoyer un parachute. Les adeptes du spool n’en démordent pas, c’est « l’outil ultime » pour rester en sécurité. Le bon vieux plomb de parachute reste néanmoins une solution qui marche. À mes yeux, l’important est d’utiliser le moyen adapté à la plongée effectuée : pour une plongée engagée, profonde, et sur laquelle on sait qu’on va avoir des paliers importants, l’envoi du parachute dès 25 mètres de profondeur est une bonne solution, et donc l’utilisation d’un moulinet ou d’un spool est tout à fait appropriée. Pour des plongées plus « simples » ou seul le palier de confort est éventuellement requis, l’usage du plomb reste tout à fait idoine.

Les méthodes pour gonfler le parachute
Si nous nous intéressons en particulier à l’étape #3, je ne dénombre pas moins de cinq méthodes différentes pour gonfler l’enveloppe du parachute et ainsi le faire remonter à la surface :

Gonflage à l’aide du détendeur principal
On tient le parachute dans la main gauche en forçant sur le bas pour maintenir une ouverture suffisante, et on effectue une manœuvre de lâcher d’embout (sans oublier de maintenir une petite expiration pour ne pas bloquer sa respiration) avec la main droite. On introduit le deuxième étage dans l’ouverture, et on actionne le surpresseur, pour remplir le parachute. On le lâche dès qu’il commence à opérer un traction assez forte vers la surface.

Gonflage à l’aide de l’octopus
Selon que l’octopus est positionné à gauche ou à droite, on le saisit avec la main qui convient, et on prend le parachute dans l’autre. On maintient l’ouverture béante du parachute et on introduit la « gamelle » de l’octopus dans le parachute en actionnant le surpresseur. On le lâche dès qu’il commence à opérer une traction assez forte vers la surface. C’est la méthode classique, enseignée par la plupart des moniteurs

Gonflage avec la méthode « Moustaches »
On maintient grand ouvert avec les 2 mains la base du parachute. On penche la tête vers la droite et on met la moustache du détendeur à proximité de l’ouverture du parachute. Il suffit d’expirer pour gonfler le parachute, on le lâche dès qu’il commence à opérer un traction assez forte vers la surface. J’ai utilisé cette méthode de nombreuses années.

Gonflage à l’aide d’une « Sparklet »
Il existe un modèle de parachute sur le marché qui se gonfle à l’aide d’un petit bloc de 0,1 l gonflé à 230 bar (on appelait ça une « sparklet » auparavant quand on utilisait des bouées Fenzy, la bouteille contient donc 23 litres d’air à 1 bar, largement de quoi gonfler ce parachute de 11,2 litres !). Il suffit d’ouvrir la bouteille pour que le parachute se gonfle et remonte vers la surface. J’ai pu voir la rapidité d’exécution avec mon ami C. qui possède un parachute de ce modèle.

Gonflage à l’aide de l’embout d’inflateur du parachute
Aujourd’hui, la plupart des parachutes à soupapes sont dotés d’un embout de type « direct-system ». Si on s’équipe d’un flexible de direct-system complémentaire qu’on installe sur le premier étage du détendeur, on peut utiliser ce flexible pour gonfler le parachute. Il n’y a aucun risque que le flexible reste accroché car il n’y pas (au contraire de l’embout du gilet) de système de fixation. On lâche le parachute dès qu’il commence à opérer une traction assez forte vers la surface. Pour ne pas perdre de temps à chercher ce flexible, il est également de bon ton de le « clamper » au gilet, par exemple avec cet accessoire, ou avec un mousqueton fixé sur le flexible.

En synthèse
Voici une synthèse des avantages et inconvénients de ces différentes méthodes, vous allez vite voir quelle méthode à ma préférence dans le tableau ci-dessous :
Méthode de Gonflage
Avantages
Inconvénients
Synthèse
- Rapidité de mise en oeuvre
- Plus de détendeur principal en bouche
- Risque pour le plongeur si blocage de la respiration,
Je trouve cette méthode dangereuse, et pas pratique, même si on va très vite pour gonfler le parachute
- Facilité de mise en œuvre
- L’octopus reste en général pendouiller après la manœuvre de gonflage
- Risque de ne pas trouver l’octopus en cas de besoin
Cette méthode a l’avantage d’être aisée à mettre en œuvre, néanmoins, je n’aime pas le fait de manipuler l’octopus en fin de plongée, moment le plus propice à la panne d’air intempestive !
- Gonflage du parachute précis et rapide
- Attention à ne pas se prendre les moustaches dans le bout du parachute
J’ai utilisé cette méthode de nombreuses années, mais elle ne doit être mise en œuvre qu’après un apprentissage approfondi car le risque de se faire embarquer par le parachute n’est pas négligeable.
- Rapidité et sécurité du gonflage du parachute
- Le coût d’achat du parachute en question (270,00 €)
- Il ne faut pas oublier de gonfler la bouteille avant la plongée !
Cette méthode est vraiment super sécuritaire et rapide à mettre en œuvre. Si on a les moyens de s’offrir le parachute, c’est celle qu’il faut retenir !
- Rapidité et sécurité du gonflage du parachute
- Pas de risque de se faire embarquer par le parachute
- Un flexible en plus installé sur le détendeur.
- Budget complémentaire de 50,00 € pour le flexible et le mousqueton.
C’est la méthode que j’utilise aujourd’hui. Je la trouve très aisée et sécurisante à mettre en œuvre.
J’espère que ma petite réflexion vous aura fait avancer dans votre pratique, n’hésitez pas à vous entrainer avec un moniteur pour tester de nouvelles façons de faire. Mais globalement, quelle est votre manière préférée de gonfler votre parachute ? Merci par avance pour vos retours !