Organiser une plongée technique en carrière

Chaque saison, j’organise ou je contribue à l’organisation de plongées techniques en carrière. La pratique de la carrière pour l’enseignement est un vrai plus à mon sens car elle permet de s’affranchir de beaucoup de contraintes liées à la mer (marées, courant, conditions météo, chaine des secours, …). par contre, ce milieu naturel a lui aussi ses spécificités et il convient de ne pas sous-estimer certains aspects faire en sorte que les apprenants et les moniteurs puissent plonger en confiance, en sécurité, et qu’ils y prennent du plaisir !

Je vais donc tenter dans cet article de présenter les points qui me tiennent à cœur et que je considère comme primordiaux pour qu’une plongée technique en eau douce soit réussie, ou tout au moins que les éléments mis en place favorise la pédagogie du moniteur et maximise la réussite de l’apprenant.

Les caractéristiques d’une carrière sont simples : on plonge en eau douce, l’eau est froide, il fait sombre assez rapidement sous l’eau. La combinaison de ces trois hypothèses doit amener l’organisateur à agir pour limiter les incidences de ce triptyque. L’eau douce a une influence sur le lestage des plongeurs (on se leste moins). l’eau froide peut provoquer des givrages de détendeurs, il convient donc d’être clair pour la conduite à tenir face à ce type d’incident. Enfin la pénombre sous-marine d’une carrière peut renforcer le stress du plongeur et donc favoriser un essoufflement et/ou une narcose.

La mise en place de la sécurité commence par le positionnement de l’oxygénothérapie et du bloc de secours. Personnellement, je préconise de placer le matériel d’oxygénothérapie au plus près du point d’immersion (mais au sec), tandis que le bloc de secours, gréé avec un stab (légèrement gonflé) sera placé dans l’eau (le détendeur devant être totalement immergé) mais sera fermé. Le bloc devra rester bien entendu visible. Lors du briefing de sécurité, le directeur de plongée rappellera ces 2 points en les montrant explicitement aux moniteurs et aux apprenants.

De même, lors du briefing de sécurité, le directeur de plongée doit rappeler que l’on plonge dans un milieu particulier et insister sur les trois aspects :

  • Il faut demander à chaque palanquée de systématiquement vérifier son lestage (combien de plongeurs passant de l’eau de mer à l’eau douce oublient de le faire ?). La carrière permet un temps de préparation incomparable par rapport à la mer, il ne faut pas hésiter à le mettre à profit !
  • Le froid doit être systématiquement évoqué. Les consignes de sécurité doivent être rappelées et le directeur doit insister sur le fait qu’il vaut mieux écourter la plongée plutôt que de rester immergé en ayant froid. De même le givrage de détendeur doit faire l’objet d’un point particulier au cours du brief. La procédure à appliquer doit être claire, simple et ne pas mettre les plongeurs en difficulté. Ma préconisation est d’indiquer aux plongeurs que, en cas de givrage, il convient :
    • de remonter entre 6 et 8 mètres, en gardant le détendeur qui fuse en bouche.
    • Arrivés dans cette zone, il faut fermer le robinet source de la fuite, et si le plongeur n’a qu’un détendeur, le faire passer sur l’octopus d’un des partenaires. Si le plongeur est équipé de 2 détendeurs complets (ce qui est préférable), il passera alors sur son propre octopus.
    • Les  paliers nécessaires sont ensuite réalisés normalement.
    • En sortant de l’eau, les plongeurs à qui le givrage est arrivé devront se signaler au Directeur de Plongée (pas question « d’engueulade », mais plus d’attentions particulières de la part de l’équipe encadrante suite à cette situation de stress).
  • Enfin le Directeur de plongée doit rappeler les conditions de luminosité de la carrière. Rappeler qu’un phare ou une lampe est obligatoire pour les encadrants, souhaitable pour les apprenants, et chaque plongeur doit être doté d’un « flasheur » de signalisation. L’idéal étant de questionner nominativement les plongeurs : « XXX, tu as un flasheur ? ». D’autre part, la pénombre ambiante peut favoriser la perte d’un membre de la palanquée. Aussi le Directeur de Plongée veillera à bien rappeler à l’ensemble des plongeurs les consignes de sécurité en cas de rupture de la cohésion de la palanquée :
    • Rester calme
    • Effectuer un tour sur soi-même en regardant vers le haut pour tenter d’apercevoir des bulles.
    • Si on en voit, se diriger sans précipitation vers les bulles, identifier la palanquée, remonter si ce n’est pas la sienne
    • Si on ne voit pas de bulles, remonter à vitesse contrôlée, faire le palier éventuel, faire surface se signaler à la sécurité surface : « Je suis XXX, j’ai perdu ma palanquée ».

Quand l’eau est froide (je veux dire à une température inférieure ou égale à 10°C), il convient de proscrire des exercices du type « vidage de masque », « lâcher/reprise d’embout », « remontée à deux sur un embout », car ils mettent les plongeurs en situation de risque.

Il ne faut pas oublier que la carrière reste un environnement potentiellement anxiogène pour les apprenants, il faut donc que les moniteurs adaptent leur façon d’enseigner à cet environnement en s’attachant à travailler le long du tombant et à éviter les remontées en pleine eau sans repères (tout du moins en début et milieu de formation).

En appliquant ces quelques règles simples, vous devriez toujours effectuer de belles plongées techniques (ou d’exploration) dans ces sites toujours intéressants à pratiquer ! N’hésitez pas à enrichir de vos commentaires ou de vos idées ces petits trucs !

 

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.