De bien belles plongées… le cœur serré

Comme chaque année, pour profiter à fond du week-end de l’Ascension, mon club organise une sortie dans une structure de la côte. Après avoir trempé nos palmes à Carantec, à Crozon, à Saint-Malo, nous sommes revenus plonger avec le Club Léo Lagrange à Camaret sur Mer (nous y étions déjà venus en 2017 et c’est avec grand plaisir que nous y sommes retournés). Pouvoir s’immerger au bout du monde est une véritable chance, et les plongeurs qui l’ont déjà fait en gardent des étoiles plein les yeux. Cette sortie a aussi été pour moi l’occasion de revoir Flo Cado, le fort sympathique directeur du centre de plongée. Cette sortie est très orientée vers les nouveaux diplômés Niveau 1 et 2 de notre club, et comme chaque fois, nous étions une bonne trentaine de passionnés à répondre présents. Cette sortie revêtait également un caractère particulier pour plusieurs raisons : c’étaient mes premières plongées en mer depuis mon arrêt forcé (mais je ne vais pas m’étendre là-dessus), et nous étions certainement le dernier groupe de plongeurs à pouvoir profiter de la structure du club Léo pour l’année 2022 (une décision incompréhensible de fermeture pour l’année 2022 a été prise par la direction, je reviendrai sur ce point dans la suite de l’article.

Le centre  de plongée du Club Léo Lagrange donne sur le quai Auguste Téphany et permet l’embarquement rapide sur la cale jouxtant directement le centre. Les locaux du centre ont été entièrement rénovés en 2020 pour un montant proche de 1 million d’euros. Les plongeurs disposent de plusieurs  vestiaires avec douches chaudes, d’un espace de rinçage et même d’un séchoir à combinaison ! Chaque matin, nous avons énoncé les palanquées dans le grand atrium attenant à la station de gonflage (dotée de 3 groupes de tampons pour un gonflage rapide). Le club dispose également d’un « aquarium », en fait une fosse vitrée d’une profondeur de 6 mètres utilisée pour la formation des plongeurs Niveau 1 en pleine saison. Côté moyens maritimes, le bon vieux « Maraudeur », ancien fileyeur reconverti, répond présent et peut accueillir 30 plongeurs équipés en toute sécurité (le club dispose également de 2 semi-rigides). Il y a des logements directement attenants au centre (en général utilisés par les plongeurs venant faire un stage de formation), vu le nombre de personnes composant notre groupe, nous étions logés dans les locaux situés rue du Stade, où nous prenions directement nos repas… Bref, il y a là une bien belle structure, bien pensée, bien organisée et bien située !

Cette année, j’ai secondé mon ami P. pour organiser cette sortie. Début avril dernier, lorsqu’il a contacté la direction du centre pour faire le point sur notre venue (il convient de gérer non seulement les plongées, mais également les nuitées, les petits-déjeuners, ainsi que les repas du midi et du soir), cette dernière nous a annoncé que la section plongée du centre fermait cette saison, et que les employés du centre de plongée seraient reclassés, ou licenciés. Devant notre incompréhension, et notre volonté de maintenir notre sortie (celle-ci représente au bas mot un budget d’un peu plus de 10 000,00 €), la directrice nous a informé qu’elle allait tenter de nous proposer un « Plan B » pour nous permettre de maintenir ce week-end tant attendu. Après nous avoir parlé d’une structure professionnelle de Plougastel-Daoulas (en fait il devait s’agir de Arimair Plongée) qui pourrait nous prendre en charge directement à Camaret, puis du Centre ISA à Crozon (après que la solution de repli initialement proposée se soit révélée infructueuse), nous étions très inquiets quant à la tenue effective de la sortie traditionnelle du club. Pour en avoir le cœur net, j’ai pris contact avec le Responsable technique du centre ISA pour échanger avec lui de la faisabilité réelle de ce « Plan B ». Le centre ISA accueillait déjà un groupe d’un vingtaine de plongeurs, il aurait donc fallu gonfler 50 blocs sur la pause méridienne, trouver un mouillage adapté pour 2 semi-rigides loués au Centre ISA pour l’occasion, et disposer d’un directeur de plongée dédié à notre groupe (tout cela alors que le port de Morgat est très encombré à cette période du fait de la concomitance avec les régates traditionnelles en baie de Douarnenez sur ce WE. Bref, cette solution n’était pas envisageable non plus. En définitive, la direction nous confirmé que nous allions pouvoir venir et que nous serions le seul groupe présent sur la période (un autre groupe de plongeurs qui devait partager les moyens du centre avec nous a vu sa réservation annulée).

C’est donc dans une ambiance particulière que nous nous sommes rendus à Camaret le mercredi soir. La rencontre avec Flo et Loïc (les deux permanents du centre) le jeudi matin, était empreinte de beaucoup d’émotions. Flo et Loïc ont démontré un très grand professionnalisme (je me permets d’insister là-dessus) et se sont mis en quatre pour que notre séjour soit réussi. Après les vérifications classiques des diplômes et certificats médicaux, j’ai remis à Flo les feuilles prévisionnelles de sécurité (je les prépare systématiquement avant pour n’avoir à effectuer que des modifications à la marge à chaque sortie, plutôt de de repartir d’une feuille blanche). Flo et Loïc, nous ont expliqué le fonctionnement et les règles à appliquer dans le centre et sur le « Maraudeur ». Nous avons effectué 7 très belles plongées, soit en baie de Camaret, soit au large des Tas de Pois en plein océan, en voici une petite description, ainsi que 2 montages vidéo :

  • Plongée #1 – « Basse Jean-Paul » : Ce récif en forme d’amande porte le nom d’un pêcheur de Camaret connu pour ramener de ses pêches de nombreux homards. C’est typiquement le site idéal pour effectuer une plongée d’adaptation. la roche est couverte de faune fixée, et les multiples anfractuosités offrent de petits abris aux bêtes à pinces et autres gobies.
  • Plongée #2 et #6 – « Pointe Trémet » : C’est un site plutôt en longueur, avec la roche en escalier. Le dernier muret fait entre 1 et 1,5 mètres de hauteur et permet d’observer la faune calmement. Comme sur le site précédent, il n’y a quasiment pas de courant, ce site étant dans la baie de Camaret.
  • Plongée #3 – « Basse Dinan » : C’est un site au large des Tas de Pois, on démarre entre 2 têtes de roche pour suivre le tombant main gauche et arrive jusqu’à une petite plage où des algues en décomposition font le plaisir de nombreux labres. En  passant de l’autre côté de la plage (il faut remonter un peu sur le récif), on est protégé du ressac et du courant, et on peut observer les prédateurs (poulpes, congres, lieus). En  revenant vers les têtes de roche, on peut facilement retrouver le mouillage.
  • Plongée #4 – « Basse Sud » : C’est une roche qu’on emprunte en faisant le tour main droite, beaucoup de labres en pleine eau, et de nombreuses bêtes à pince ainsi que des poulpes sont présents (j’ai eu la chance d’en trouver un en pleine eau). En terminant le tour, on retrouve très aisément le mouillage comme précédemment.

  • Plongée #5 – « Tacaud-Ville » : On démarre la plongée en empruntant une faille et en laissant tomber vers 30 mètres le long du tombant en forme de mur vertical. Ce dernier est couvert de corynactis, et on le suit main gauche. On arrive à un éboulis de roches sur lequel se trouvait une énorme boule de tacauds auparavant (il semble qu’elle ait migré un peu plus loin), cependant, il en reste encore quelques uns. On peut aussi observer de gros lieus, et surtout un véritable HLM à langoustes et plusieurs homards de taille respectables. Je suis revenu main droite en me stabilisant à 15 mètres de profondeur, et on retrouve le mouillage en passant devant la faille du départ.
  • Plongée #7 – « Basse Méné-Hom » : C’est aussi une roche au large des tas de Pois, qui culmine vers 7 mètres, on passe l’accord de roche et on est de suite sur un tombant qui tombe vers la zone des 30 mètres. A cet endroit, un gros éboulis est propice à la rencontre avec des congres et langoustes assez farouches. En longeant le tombant on arrive dans un canyon assez majestueux et couverts d’anémones et de corynactis. En revenant main droite à mi-profondeur, on croise  des raies torpille, des araignées qui se cachent dans les laminaires. N’ayant pas retrouvé le mouillage, S. (ma binôme préférée) et moi sommes remontés au parachute pour nous rendre compte que nous étions à moins de 50 mètres du bateau !

Nous avons donc effectué 7 très belles plongées dans cette région de Bretagne que j’affectionne tant. Je confirme que les poulpes sont bien en nombre cette année sur nos côtes, en effet, il nous a été possible d’en observer plusieurs à chaque immersion ! Pour autant, les bêtes à pince (dont ils sont friands) étaient bien présentes également, pour preuve, les nombreux homards et langoustes observés sur plusieurs immersions. Par contre, il y a toujours aussi peu de poissons , seuls quelques labres et coquettes sont là. Les soles, carrelets, lieus, daurades, et bars sont très difficiles à trouver…

J’ai le cœur serré quand je pense à Flo et Loïc, j’espère sincèrement que la direction du centre Léo Lagrange de Camaret va revenir sur cette décision incompréhensible de fermeture entraînant à terme leur licenciement alors qu’ils sont extrêmement compétents, plein d’empathie, et inflexibles sur la sécurité (bref, de vrais directeurs de plongée). Je leur souhaite de pouvoir rebondir rapidement, et leur adresse tout mon soutien.

Quant à vous, avez-vous déjà plongé au bout du monde, et si oui quelles ont été vos impressions ? Merci par avance pour vos retours !

4 réflexions au sujet de “De bien belles plongées… le cœur serré”

  1. Bonjour Phil,
    Léo plongées ferme! Je reste pantois…. le club est le mieux situé dans la région et a accès à toutes les zones de plongée. Si Pierre le savait… le pauvre. As tu vu Ute ? Manque de subventions? Manque d’encadrement? Problèmes avec la municipalité? ou bien la législation est devenue trop sévère? On peut se poser beaucoup de questions….

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    • Salut Véro,
      Oui tout cela est bien triste, ce centre faisait référence dans toute la Bretagne, au même titre que le CAP Trébeurden…
      Ute n’est plus là…
      La fermeture du centre de plongée coïncide avec l’arrivée d’une nouvelle direction… Le reste des activités (voile, rando, hébergement) du club Léo continue cependant… Je pense que l’affaire va aller devant les tribunaux

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  2. Quelle tristesse… De si belles plongées faites avec ce club !
    Camaret est tellement bien situé, comment un tel club peut-il y fermer ??

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