Depuis que je plonge, mes moniteurs m’ont appris que lorsqu’on remonte à l’échelle sur le bateau, on doit garder son masque et son détendeur en bouche pour une question basique de sécurité. Moi-même, j’ai toujours enseigné cela, en veillant à le rappeler dès que j’encadre des plongeurs en exploration… Or, il se trouve que, J., Un ami de mon club de plongée, récemment promu Guide de Palanquée m’a récemment soumis un article paru dans la revue fédérale « Subaqua » (plus précisément dans le numéro 281, paru en Décembre 2018), qui traite du sujet de la « réduction du risque d’accident de décompression chez 30 % des plongeurs ». Cet article préconise notamment de ne plus porter le masque sur le visage, et de remonter à bord avec les voies aériennes (nez et bouche) libres. Cela m’a fortement interrogé dans ma pratique de moniteur, à savoir : est-ce que j’enseigne quelque chose qui ne va pas dans le sens de la sécurité » des plongeurs ? Le but de ce billet est donc de regarder le pour et le contre, et de proposer une posture.
Tout d’abord, je vais procéder à quelques rappels de bon sens. Lorsque les plongeurs font surface, on gonfle son gilet de stabilisation afin de se maintenir en surface sans effort. Ainsi, avant de remonter sur le bateau, on n’a pas à palmer inutilement ni à fournir trop d’effort. De même, on se tient jamais immédiatement jamais derrière quelqu’un qui remonte sur le bateau, on fera attention à se positionner sur le côté (en se tenant à la coque du bateau avec ce que l’on peut) ou un peu à distance (si il n’y a pas trop de courant), de cette façon si la personne qui remonte retombe fortuitement à l’eau, il n’y a pas de risque de collision et d’accident !
Si le bateau ne possède pas d’échelle de coupée ou d’échelle perroquet, la question ne se pose pas, on se déséquipe dans l’eau, on clampe sa stab au bateau via sa longe de palier, et on remonte en libre sur le bateau, par la technique du bouchon, doublée d’un solide coup de palmes ! Dans le cas contraire, c’est à dire si le bateau possède un échelle permettant de remonter à bord, on va devoir s’adapter au type d’échelle. Si il s’agit d’un échelle classique, il vaut mieux alors retirer ses palmes, et remonter à bord ensuite. Dans le cas où le navire est équipé d’une échelle perroquet, on peut remonter tout équipé avec les palmes (on pensera à enlever ses poches à plomb pour faciliter l’escalade !).
Mais alors, pourquoi a-t-il toujours été préconisé de remonter à bord avec le détendeur en bouche ? Je pense que cela vient « des temps anciens » où les plongeurs ne disposaient pas de gilet, ou n’étaient équipés qu’avec une bouée collerette de type « Fenzy« , et qu’en cas de chute accidentelle à l’eau, il fallait garantir la sécurité des plongeurs…
Le choses ont bien changé (et heureusement), il faut bien en convenir ! Je ne me range pas tout à fait dans les conclusions de l’article qui propose de remonter à bord sans le détendeur et sans le masque, et cela dû aux conditions de plongées bretonnes auxquelles nous devons régulièrement faire face, et je m’en explique. Si il fait beau, avec ce que nous appelons couramment « un temps de curé », « la pétole », et que la mer est parfaitement calme et plate, je ne vois effectivement aucun inconvénient à faire tomber le masque sous le menton, et à remonter à bord du bateau avec les voies aériennes totalement libres (en tout état de cause, comme indiqué précédemment, on aura vérifié que la stab est correctement gonflée), car il n’y a quasiment aucun risque de chute lors de la remontée… Par contre, il est assez courant à la pointe de la Bretagne de connaître de conditions de houle ou de clapot qui rendent la remontée à bord un peu plus compliquée, voire quelquefois acrobatique ! Dans ce cas-là, je pense qu’il est préférable de garder son masque sur le visage, et de garder son détendeur en bouche, car les mouvements du bateau peuvent rendre l’ascension plus compliquée (même si la stab est bien gonflée). Si on voit que la remontée est effectivement risquée, je préconise dans ce cas de se déséquiper, et de remonter en libre sur le bateau, via l’échelle, on trouvera toujours suffisamment de bras volontaires pour aider à remonter la stab (il faut néanmoins penser préalablement à enlever les poches à plomb pour alléger le scaphandre et limiter les efforts lorsqu’on hissera à bord le gilet, sans avoir la sensation de remonter un « âne mort » !).
Voilà, ce petit article « de reprise » est à son terme, je vous remercie par avance, et comme à mon habitude pour vos retours, critiques et suggestions ! J’en profite pour remercier aussi le « Blog de PapyCousteau » duquel j’ai tiré l’image à la une pour cet article, ainsi que le club de plongée de Chinon qui a mis en ligne l’article de Subaqua en question.
Je pense pareil. Je me rappelle avoir passé mon premier niveau en Bretagne en 1999 avec une bouteille dans le dos, une ceinture de plomb et un détendeur sans octopus. Je cite l’année parce que ce n’est pas non plus la préhistoire, mais à cette époque j’imagine que garder le détendeur et le masque avaient plus de sens car rien ne m’aidait à rester en surface, au contraire. A présent les gilets stabs sont d’un confort extrême et nous permettent de garder la tête hors de l’eau même si on retombe en arrière à l’échelle.
Après, plutôt que de devoir absolument marquer ça sur une doctrine fédérale a suivre a la lettre façon bloc de granite, je pense que le plongeur va agir par bon sens. Si vous plongez sous les tropiques avec une mer d’huile, mettez le masque autour du cou, le détendeur a portée de main, on tape la discut’ en surface pour parler de la murène léopard qu’on a croisée avant de remonter pépère à bord.
Si en revanche le lendemain il fait un temps épouvantable avec de la houle et une pluie affreuse, autant garder le détendeur dans le bec. C’est plus efficace qu’un tuba et il reste a priori assez d’air dans la bouteille!
Le masque sur les yeux faisant office de pare-brise sans essuis-glace, c’est au plongeur de voir s’il le garde sur le nez ou autour du cou.
L’important n’est il pas d’avoir l’équipement nécessaire à portée de main lorsqu’on en a besoin?
Merci Pierre ! oui, il faut adapter son comportement aux conditions… Et c’est encore mieux si le DP indique comment procéder quand les plongeurs remontent à bord : avec une mer d’huile, on remonte cool, avec des conditions rugueuses, on s’adapte !
Apres, j’ai adapté mon matos aussi. Sur la sangle de poitrine a gauche se trouve un clip pour le masque, histoire de l’accrocher des que je suis en surface (plutôt que de le mettre sur la tete) et j’ai mis un mousqueton type snapbolt sur la base du 2e étage pour clipper le détendeur sur l’anneau en D du gilet a droite, mais assez haut pour que si je tombe dans l’eau, je puisse tout de meme respirer dessus sans avoir a le décrocher. Ne sait-on jamais.
Salut Philou,
Je vais mettre aussi une petite pierre à l’édifice. Effectivement, ôter son détendeur et mettre son masque sous le menton peut se concevoir en eau calme après je soulèverai un souci que j’ai déjà vu avec un détendeur qui se balade et s’accroche au moindre recoin de l’échelle ou du bateau et que dire du masque sur le front qui au moindre mouvement se retrouve à l’eau ????
Je pense que c’est au guide de palanquée d’apprécier à leur juste valeur les conditions de mer et de remontée sur le bateau et d’en informer les membres de sa palanquée. Éventuellement de laisser le choix aux membres de la palanquée en recommandant les points que j’ai cités (masque sous le menton et détendeur accroché à la stab)
Biz et à une prochaine fois
Salut Pat !
Tu l’as bien compris, l’article est fait pour se poser des questions sur la pratique ! oui, si on n’a pas le détendeur en bouche, il faut veiller à le coincer quelque part, et comme le dit l’adage : « Masque sur le front, masque au fond ! ». Je suis bien d’accord avec toi, le GP ou le DP doit donner ses directives en fonction des conditions et du niveau des plongeurs pour garantir leur sécurité !
Bonjour à tous,
Je suis heureux de lire cet article plein de bon sens. Je ne plonge que depuis une dizaine d’année et j’ai systématiquement entendu qu’il fallait remonter à l’échelle avec son détendeur en bouche, ce qui me semblait une ineptie grave.
Dans des conditions de mer difficile, pourquoi pas, bien que…. Avec sa stab gonflée pour flotter correctement le risque n’est pas bien important.
Dans tous les autres cas, je pense que la remontée sur le bateau avec son équipement demande un effort conséquent qui exige une bonne ventilation. Hors avec un détendeur en bouche, hors de l’eau, il est beaucoup plus compliqué de respirer facilement. Ce qui accroit le risque notamment en cas de FOP non détecté.
Je conseille donc de remonter POSEMENT , en respirant librement à chaque pas, pour minimiser les efforts de la sortie d’eau et de la contrainte imposée par notre poids + équipement.
Merci pour le compliment Philippe !
Par rapport au fop: détendeur en bouche , on s oblige à respirer et donc de pas contracter les muscles en faisant l effort en retenant respiration, à l air libre quand une personne fait un effort il a l habitude de retenir respiration , pour fop je préconise le détendeur en bouche
Bonjour Guillaume,
je ne suis pas d’accord avec toi sur ce point. Ce n’est pas parce qu’on garde le détendeur en bouche qu’on s’obligera à respirer.
Bonjour Phil, tout à fait de ton avis et peu importe l’état de la mer, il faut toujours remonter le détendeur en bouche et le masque sur le visage à bord d’un bateau. C’est ce que j’ai aussi toujours appris en rade de Brest dans les années 80 et cela reste toujours actuel.
En piscine en Allemagne, je fais justement à chaque cours des exercices en utilisant l’échelle. Malheureusement, certains moniteurs de la région n’y voient pas l’intérêt, peut être par faute d’expérience.
Quand tu plonges autre part aux Canaries ou en Mer Rouge…. que ce soient des débutants ou des moniteurs tu ne verras jamais quelqu’un remonter avec son détendeur en bouche et encore moins son masque sur le visage.
Mais le pire que j’aie vu c’est de passer en Zodiac en pleine vitesse, sur les bulles qui étaient bien visibles à la surface (les plongeurs étaient sur un plateau de récif à – 13 m)…. et cela à chaque sortie! A la barre, un moniteur (étranger) qui nous faisait passer notre MF2! Je crois que cela me restera en mémoire!
Bises