Quelques éléments pour réussir une plongée de nuit

Pour tous les plongeurs qui l’ont déjà pratiquée, la plongée de nuit reste un plaisir des sens inégalé. Pour les autres, cela est bien mystérieux, voire inquiétant. Je me rappelle lors de notre escapade printanière d’avril dernier sur l’île de Madère, notre directeur de plongée nous avait donné rendez-vous vers 17h30 au local du centre de plongée pour aller faire une plongée de nuit sur le « house-reef ». Nous étions impatients de nous immerger, tous les vancanciers présents sur le bord de mer semblaient intrigués, et nous prenaient peut-être pour des fous d’aller nous immerger à la nuit tombante dans l’océan ! Afin de démystifier cela pour les néophytes, et afin de partager les quelques principes de bon sens pour les plongeurs confirmés, je me suis dit qu’un petit billet sur ce sujet pourrait être utile à toutes et tous. Je vous propose donc de passer en revue les différences principales entre la plongée diurne et la plongée nocturne, de lister pour les plongeurs quelques règles de bon sens, et de proposer aux Directeurs de Plongée quelques éléments supplémentaires. Cet article, comme à mon habitude, ne se veut pas définitif, et ne demande qu’à être enrichi de vos remarques !

Je vais commencer mon article par une lapalissade : la différence principale entre une plongée « classique » et une plongée de nuit, c’est qu’il fait nuit ! Il n’y a donc pas de lumière, et donc la perception de l’environnement est totalement différente. De même, la faune nocturne est très différente de la faune diurne. ainsi vous pourrez avoir la chance de voir des animaux qui se terrent et se cachent en journée se déplacer à la recherche de nourriture. L’ambiance générale est aussi radicalement distincte. Ce qui me frappe toujours en plongée de nuit, c’est le calme apparent qui règne en immersion, on entend beaucoup moins de son, et les animaux que l’on peut observer sont très différents de ceux que l’on a l’habitude de voir de jour. La perception de l’environnement est très altérée, et pour cause, les seuls points de repère pour les yeux sont les faisceaux des phares de plongeurs de la palanquée !

Il convient donc de rester calme et zen. Il est tout naturel de ressentir un peu de stress à l’immersion, et je conseille à tous de se concentrer sa propre respiration encore plus qu’à l’accoutumée, de façon à réguler et contrôler ce stress qui peut nous envahir, du fait de la perte de repères. Cette perte de repère peut aussi jouer sur votre flottabilité, j’ai pu constater (sur moi-même et sur d’autres plongeurs) qu’il est plus compliqué de s’équilibrer en plongée nocturne !

Le mot que j’associe souvent avec une plongée de nuit est le mot « limitation ». Il faut en effet limiter les risques : pas question de s’égarer en pleine eau, de s’exposer à un courant pouvant faire dériver la palanquée, de partir pour une plongée engagée avec des paliers durant plusieurs minutes !

Aussi, j’ai tendance à conseiller d’adopter une attitude limitative sur trois aspects :

  • Limiter la profondeur : une petite immersion dans une dizaine de mètres d’eau vous permettra d’observer quantité d’animaux plus étranges les uns que les autres,
  • Limiter la durée d’immersion : une plongée non saturante, ou tout au moins dans la courbe de sécurité vous apportera autant de plaisir qu’une plongée engagée,
  • Limiter la taille de la palanquée : idéalement on plonge de nuit en binôme, ou dans une palanquée de trois plongeurs, et ceux-ci restent à une distance de deux bras les uns des autres pour éviter de se perdre…

Concernant l’équipement de chaque plongeur, de mon point de vue, chacun doit disposer au moins d’une lampe, mais un phare est préférable (attention, on veillera encore plus qu’en plongée de jour à ne pas éclairer les animaux directement pour ne pas les aveugler), je recommande aussi d’accrocher un flasheur sur sa stab (personnellement, le mien reste accroché dessus tout le temps, de cette façon, je ne l’oublie jamais !). Il faut au moins un parachute par palanquée (de toute façon, la réglementation rend cela obligatoire), et je préfère quand chaque plongeur dispose de son propre « SMB ». ainsi en fin de plongée, le parachute peut-être utilisé comme un fanal en positionnant son phare en-dessous pour éclairer l’intérieur. On a alors un magnifique saucisson orange visible de loin !

De même, il est fondamental que chaque plongeur connaisse et sache exécuter les signes « ok » et « non ok » de nuit, et ce au fond et en surface. Quand on est proches les uns des autres, on éclaire la main qui fait le signe et on attend la réponse de son binôme, si on est un peu plus éloigné, des cercles répétés indiqueront que tout va bien, tandis qu’un mouvement vertical répété avertira que quelque chose ne va pas…

Concernant l’organisation globale de la plongée, je conseille de minuter précisément les mises à l’eau, et de contrôler celles-ci de façon à savoir qui part plonger et à quel moment précis l’immersion a lieu. Le site de plongée sera idéalement protégé du courant, du clapot, et de tout élément pouvant venir compliquer la chaîne des secours. De même , on plongera toujours, soit sur un fond « marqué » (ce que le préfère), soir le long d’un tombant avec un fond qui ne soit pas trop profond. Si on plonge depuis une embarcation, le bateau sera bien éclairé pour le voir de loin, et si on plonge du bord, on veillera à positionner des points de lumière pouvant servir de repère (par exemple, j’avais tout simplement utilisé les phares de mon véhicule, qui éclairaient la mer, lors d’une plongée de nuit à Gozo sur le magnifique site de Mgarr-ix-xini). Bien entendu, il y aura toujours quelqu’un sur le bateau ou sur la rive pour assurer la sécurité des palanquées !

Cette énumération peut paraître anxiogène en première lecture, mais elle n’est qu’un pêle-mêle de bonnes pratiques pour que les choses se déroulent bien, alors si vous n’avez encore jamais plongé de nuit, n’attendez pas pour vous lancer, l’expérience en vaut la peine !

Et vous, avez-vous d’autres trucs et astuces pour réussir une plongée de nuit ? Merci par avance pour vos retours !

4 réflexions au sujet de “Quelques éléments pour réussir une plongée de nuit”

  1. Merci, Bravo pour cet article plein de bon sens !
    Nous plongeons 1 fois par semaine en soirée vers 19h, de mars à fin novembre en Méditerranée, autant dire que la plupart d’entres elles finissent ou se font totalement dans le noir.
    Les conseils prodigués ici sont essentiels ! En terme de comportement, j’en ajouterais quelques-uns :
    – Limiter ses signes à l’essentiel ! Notamment parce-que nous n’avons qu’une main de libre pour les faire, l’autre tenant la lampe ! Par exemple, concernant la conso, se présenter mutuellement son Mano, ça simplifie les choses…
    – Eclairage des signes : Bien faire et éclairer ses signes sur le côté, et non pas de face en éclairant sa main par l’arrière dans la direction de son binôme : Il ne verra rien et sera durablement aveuglé. Par ailleurs, si la température le permet, éviter les gants noirs, peu ou pas visibles de nuit, même éclairés ; prendre/fabriquer au moins des mitaines (gants de plongée avec un coup de ciseau sur les dernières phalanges ( … retirer le gant pour faire ça ;-).
    – Lampe : J’ai une petite lampe de secours à 30 € en permanence dans ma Stab… et je recommande vivement de faire ça.
    Et vive les nocturnes, c’est incroyable et plein de surprises !

    • Merci Luc ! C’est sympa comme retour ! oui il faut faire attention avec son phare, ça m’est arrivé d’être aveuglé par un binôme qui me faisait le signe ok avec le phare vers moi ! Et il faut aussi penser aux poissons et en pas les éclairer directement ! Un règle de sécurité que j’aurai pu citer dans l’article : « si un phare tombe en panne, et qu’on ne dispose pas de secours, on arrête immédiatement la plongée »

  2. Un autre conseil même Si c’est aussi une évidence mais on n’éteint jamais son phare ou sa lampe.
    Si on veut observer le plancton il suffit de plaquer la lampe sur sa combi pour être dans le noir.

    • Merci Sophie ! Oui c’est toujours intéressant de plaquer sa lampe quelques instants contre sa combi, les yeux s’habituent à l’obscurité, et on peut voir plein de choses !

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