Été 2019 : On a (re)plongé sur Komodo

Durant l’été 2016, avec S. (ma binôme préférée), nous avions effectué un voyage en Indonésie et nous avions pu y découvrir les beautés marines du Parc Naturel National de Komodo. Depuis cette année-là, il nous paraissait évident à tous les deux que nous retournerions un jour ou l’autre tremper nos palmes dans ce petit paradis subaquatique. C’est donc au cours de cet été que nous sommes passés à l’acte ! Après une courte escale à Jakarta (où nous avons pu y dénicher quelques lieux très sympas à visiter, malgré la surpopulation, les embouteillages et la pollution), nous avons rejoint par avion la petite ville de Labuan Bajo, qui allait être notre camp de base pendant une semaine dédiée exclusivement à la plongée. Ce billet va donc vous raconter ces quelques jours passés là- bas, et tenter de vous narrer les plongées que nous y avons effectuées, en espérant vous donner l’envie d’aller vous-même rendre compte de la richesse des sites existants.

Labuan Bajo est historiquement un petit village de pêcheurs qui a vu sa taille exploser avec le développement touristique du Parc National de Komodo et la plongée. La rue principale, « Jalan Soekarno Hatta », du nom des deux pères de la nation indonésienne, longe le port. Les hôtels alternent avec les « Warungs » (petits restaurants traditionnels) et les centres de plongée. Il y a tellement de « Dive Centers » que je n’ai pas réussi à tous les dénombrer. Comme il y a trois ans, nous avons plongé avec « Neren Diving« , le centre de plongée dirigé par mon amie Lorena, ainsi que Nacho et Alberto. Ce centre de plongée multilingue propose les mêmes prestations que la plupart des autres centres. Il est affilié PADI, mais il n’y a bien entendu aucun souci pour y faire reconnaître les diplômes de plongée FFESSM / CMAS. La seule « contrainte » est de plonger encadré, sous l’autorité d’un Divemaster (je mets volontairement des guillemets au mot contrainte, car les sites de Komodo peuvent être assez techniques, du fait de la quasi omniprésence du courant qui peut être parfois violent… Aussi, bénéficier de la présence d’un guide qui connaît bien les spots peut permettre d’éviter certaines déconvenues !.

L’archipel de Komodo est baigné au nord par les eaux chaudes de la Mer de Flores, et au sud par les eaux plus fraiches de l’Océan Indien. Cela est propice à la création de forts courants de marée. La marée montante est caractérisée par des courants orientés Sud ⇒ Nord, avec une eau plus fraiche, et chargée en particules, tandis que la marée descendante se caractérise par des courants orientés Nord ⇒ Sud, avec une eau chaude et limpide.

Nous avons plongé cinq jours, à raison de trois plongées par jour. Nous avons eu la chance, par ailleurs, de profiter du tout nouveau « Pinsi » (bateau traditionnel indonésien) de Neren Diving. Bien que tous les « pinsi » soient construits sans aucun plan, mais juste avec le savoir-faire (indéniable) des charpentiers de marine indonésiens, le navire amiral de Neren Diving a particulièrement été bien pensé au niveau des aménagements, et des différents espaces (repas, relaxation, sun-deck, mise à l’eau, …). La distance importante du Parc National de Komodo avec le port de Labuan Bajo fait que nous avions rendez-vous au centre de plongée dès 07h00 du matin, pour embarquer sur le pinsi, et nous partions pour 1h30 à 2h00 de navigation pour rejoindre les spots choisis par les responsables du centre. notre première plongée démarrait vers 09h00 environ, la deuxième avait lieu avec un intervalle de surface d’une heure, soit vers 11h00. nous prenions notre repas à bord à la suite de cette deuxième plongée, et la troisième immersion démarrait vers 14h00. Le retour au port avait donc lieu vers 16h30-17h00… La nuit tombant vers 18h00, il ne restait qu’une petite heure de lumière pour déguster une « Bintang » (LA bière indonésienne) et remplir les carnets de plongée !

Une journée de plongée en « daily » coûte entre 1 800 000 IDR et 2 000 000 IDR pour effectuer 3 plongées. À ce tarif-là, les centres de plongées vous fournissent tout l’équipement (combinaison, scaphandre, palmes, masque), et le petit-déjeuner ainsi que le repas du midi est assuré. Une magnifique journée de plongée revient donc à environ 120 €, soit 40 € par plongée, ce qui est un tarif plus que raisonnable. Il y a une chose importante à savoir quand on plonge en Indonésie et à Komodo en particulier, c’est qu’il faut réserver et payer ses plongées au moins la veille. En effet les centres de plongée doivent déclarer aux autorités portuaires le nombre et les noms des plongeurs qu’ils emmènent sur leur navire le lendemain. Il n’y a pas de possibilité de transiger avec cela, l’administration indonésienne est très tatillonne sur les respect des procédures. Ceci peut paraître étrange dans un pays qui paraît aussi peu organisé, mais où l’administration est galopante (je ne parle volontairement pas ici de la corruption, ce n’est pas l’objet de ce billet). La carte ci-dessous présente les principaux sites de plongée du Parc National :

Carte des sites de plongée de Komodo

En cinq jours, nous avons donc effectué quinze plongées, sans jamais avoir été déçus, et ce , malgré le fait d’avoir plongée 2 fois sur certains mêmes sites. Au contraire cela nous aura permis de nous intéresser à d’autres aspects des spots que nous avons été amenés à « refaire ». Les noms de sites de plongée en indonésien portent souvent les qualificatifs « Besar » (grand) ou « Kecil » (petit). Ainsi « Sebayur Kecil » correspond à la petite île de Sebayur (il y a aussi une île qui s’appelle « Sebayur Besar » (je vous laisse deviner ce à quoi le nom fait référence ).

Les sites sur lesquels nous avons plongé sont donc :

  • Siaba Besar (2 plongées) : Cette plongée se déroule dans l’anse de Pasir Putih sur les rives de l’île Siaba Besar. C’est un site divisé en 2 parties, un récif corallien, et une plaine sablonneuses. L’ensemble du site est assez protégé du courant, à part sur les bord de l’anse. La profondeur maximale est de l’ordre de 20 à 22 mètres. Le site est réputé car la partie corallienne est en fait une station de lavage pour les tortues, il y a aussi beaucoup d’éponges géantes dans lesquelles elles aiment se prélasser. Dans la partie sablonneuse, on peut observer de la faune « micro », comme les seiches flamboyantes ( « Metasepia pfefferi » ), les dragonnets (entre autres). Il y a aussi pas mal d’opportunités pour y voir des pointes blanches se cacher sous des tables d’acropora, ainsi que des poulpes, qui profitent de la diversité corallienne pour se camoufler. Comme nous avons fait deux plongées sur le site, nous avons plutôt passé la première en compagnie des tortues (pas moins de quinze spécimen observés) et la deuxième à chercher d’autres bestioles. J’ai donc pu aussi y admirer des holothuries (j’ai une certaine tendresse pour ces animaux injustement méprisés), notamment l’holothurie-serpent collante ( « Euapta godeffroyi » ) et l’holothurie-serpent miniature ( « Synaptula lamperti » ) et un joli poulpe !

  • Batu Bolong (2 plongées : côté sud et côté nord) : En Bahasa Indonesia, « Batu Bolong » signifie littéralement « Pierre Percée ». C’est certainement un des sites les plus réputés du Parc National de Komodo. Le côté sud est un tombant vertical et plat qui descend vers 70 mètres de profondeur, tandis que le côté nord ressemble à un flanc de colline et tombe en pente plus douce vers la même profondeur. Comme le courant est toujours très fort autour de ce caillou, on plonge sur la face protégée en fonction de la marée. Nous avons eu la chance de pouvoir faire les deux faces du site, et c’est un véritable régal, on plonge au cœur d’un aquarium géant, et on peut quasiment observer l’ensemble de la faune du Parc National !

  • Manta Point : Ce site porte aussi le nom de « Makassar Reef », en référence aux bateaux de Makassar qui venaient faire relâche sur ce haut-fond. Il s’agit d’un plateau rocheux sans grand intérêt, si ce n’est qu’il abrite plusieurs stations de lavage pour raies mobula (je rapppelle que les raies mantas n’existent plus d’un point de vue scientifique). Si on a la chance d’en voir, on plonge sur « Manta Point », sinon on aura plongé sur « Makassar Reef » . La profondeur est d’environ de douze à quatorze mètres, on est toujours dans de l’eau claire, le courant est systématiquement présent, et orienté en fonction de la marée. Contrairement à il y a trois ans, nous n’avons pas eu de ballets de raies manta devant nos yeux, mais nous avons quand même eu la chance d’en apercevoir une qui remontait le courant vers le nord, ainsi qu’une très belle raie léopard (qu’on appelle improprement raie aigle, de son petit nom « Aetobatus narinari » ) ainsi qu’un requin bambou ( « Chiloscyllium_punctatum » ) !
  • Mawan : « Mawan » signifie « Beau » en Bahasa. C’est un autre site où l’on trouve des stations de lavage pour mantas. Le site longe la plage de l’île de Mawan et est globalement orienté nord-sud. On se laisse donc porter par le courant. Le nord du site a été endommagé il y a quelques années par du braconnage en pêchant à la dynamite, aussi le corail est détruit sur cette partie. Par contre les requins pointes blanches ont investi ce site pour s’y reposer. C’est donc un endroit privilégié pour les y observer. La profondeur du site n,’excède pas 15 mètres. Nous avons la chance de pouvoir observer plusieurs points blanches et un joli pointes noires en maraude ! De plus j’ai pu observer un poisson-feuille ( « Taenianotus triacanthus » ) que je n’avais encore jamais vu.

  • Sebayur Kecil : Le site de cette plongée se trouve dans l’anse de la plage de l’île de Sebayur Kecil. C’est souvent un site utilisé pour effectuer les plongées de réadaptation, les baptêmes ou les premières leçons pour les plongeurs débutants. Il s’agit une anse sablonneuse avec une pente assez prononcée, bordée par un récif corallien qui part de quatorze mètres de profondeur jusqu’à trois mètres. Le courant est quasiment inexistant sur ce spot. Le site en lui-même est propice à l’observation d’anguilles jardinières ( « Heterocongrinae » ), de seiches à grandes mains ( « Sepia latimanus » ) qui sont toujours de taille respectable, et si on a l’œil exercé et une bonne vue (ce qui n’est pas trop mon cas, la presbytie m’ayant rattrapé), on peut y observer plusieurs espèces de nudibranches.
  • Tatawa Besar : L’île de Tatawa Besar est une île en forme de banane orientée nord-sud. Elle fait environ 5 kilomètres de longueur, et sa côte est est toujours exposée à un courant assez fort qui la longe. C’est une plongée dérivante dans une vingtaine de mètres d’eau. Elle n’est pas trop technique, et le récif corallien qu’on peut y admirer est assez magnifique d’exubérance et de richesse. Il y a trois ans, ça avait été parmi une de mes plongées préférées, j’étais tellement excité à l’idée de replonger dessus, que j’en ai oublié mes palmes à bord ! Fort heureusement, la mise à l’eau se fait tout au nord de l’île dans un endroit protégé du jus, ce qui m’a permis de chausser mes palmes dans l’eau et n’a pas obéré la plongée de ma palanquée (je n’étais pas très fier de moi, et comme cela est normal, j’ai un peu été « branché » par les divemasters et les moniteurs, c’est de bonne guerre !). J’ai pu y observer plusieurs antennaires, des seiches, une tortue se régalant d’alcyonnaires, et plusieurs requins pointes noires.
  • Penga Kecil : Le site de plongée de l’île de Penga Kecil ressemble beaucoup à Batu Bolong (au sens où on plonge sur un tombant vertical qui descend assez profond. Par contre, comme le site est un peu plus au sud, l’eau y est plus chargée en nutriment, ce qui influe sur la visibilité et « dégrade » un peu celle-ci (on garde quand même plus de 10 mètres de visi !). Le site est très riche pour la macro, les nudibranches y pullulent, et le corail est trè riche.

Les trois derniers sites sur lesquels nous avons plongé sont ceux du « Nord » du Parc. Beaucoup de centres de plongée indiquent d’ailleurs sur les panneaux à l’entrée « Tomorrow : The North », signifiant que la journée de plongée va se dérouler sur ces trois sites. Ils ont comme particularités d’être plus profonds que les autres, d’être exposés à de forts courants, et pour deux d’entre eux, d’avoir l’obligation d’y faire des mises à l’eau négatives (stab vide et on se retrouve à trois mètres) pour enchaîner avec une descente dans le bleu sur 25 mètres. Ils ne sont donc pas recommandés ni adaptés aux plongeurs débutants.

  • Cauldron (aka « The Shotgun » – 2 plongées) : Le site de Cauldron (littéralement « Le Chaudron » ou connu aussi sous le doux du nom du « Coup de fusil » ) correspond au détroit qui sépare l’île de Gili Lawa Darat au sud, et l’île de Gili Lawa Laut au nord. le passage très étroit en largeur est aussi caractérisé par une remontée brutale du fond de 20 à 8 mètres, ce qui provoque une très forte accélération du courant à cet endroit particulier. L’immersion se fait à l’ouest du passage, aux abords de Gili Lawa Laut, dans un endroit protégé du courant. On se laisse gentiment porter au-dessus d’un jardin de corail assez joli et en observant le fond on peut avec de la chance y voir des requins pointes blanches ou pointes noires posés vers le fond. Quand on se rapproche de la passe, on peut observer un banc de carangues géantes (ou carangue à grosse tête, de son petit nom « Caranx ignobilis » ). Lorsqu’on remonte dans la passe, le courant se fait extrêmement violent et il faut s’accrocher pour pouvoir y observer les gros pélagiques dans le jus (un hook est un élément appréciable sur cette plongée !). souvent on peut y voir des mantas qui viennent dans la passe. Nous avons d’ailleurs eu la chance d’en observer deux, dont une « ninja manta » (les mantas qui sont quasiment entièrement noires). On se laisse ensuite porter par le courant pour rejoindre la côte est de Gili Lawa Laut, pour finir la plongée autour de grosses patates de corail. D’ailleurs dans ces patates, nous y avons vu trois raies mobula passer à « toute berzingue ! ».

  • Castle Rock (2 plongées) : Le site de Castle rock porte ce nom car, avec un peu d’imagination, on peut le comparer à un château fort posé sur le haut d’un colline. On y plonge sur le côté nord pour y observer les hordes de requins pointes blanches, pointes noires, gris de récif, qui croisent à cet endroit. On se place sur un promontoire vers vingt-cinq mètres de profondeur, on s’accroche (merci le hook !) et on reste immobile dans le courant pendant vingt à vingt-cinq minutes pour observer les squales qui viennent presque au contact ! On se laisse ensuite porter sur le côté sud du site par le courant en remontant dans la zone de neuf à six mètres de profondeur pour y finir la plongée dans un jardin de corail. C’est une plongée à sensations que l’on n’oublie pas !

  • Crystal Rock (2 plongées) : Le site de Crystal Rock n’est pas très éloigné du site de Castle Rock, il porte son nom car l’eau y est limpide ! C’est un pinacle duquel on peut y observer quantité de squales, de carangues (dont des carangues à gros yeux « Caranx sexfasciatus » ), de barracudas, de tortues, ainsi que toute la faune récifale qui sert de garde-manger à ces prédateurs. Le site en lui-même est très exposé aux courants et il est d’un richesse inouïe. La photo qui sert d’illustration à cet article y a été prise. C’est certainement mon site préféré dans le nord !

En plus des montages vidéo publiées, voici quelques photos ci-dessous (non retouchées et sans éclairage) prises dans le Parc de Komodo :

Requin sur Crystal Rock

Les mantas du Shotgun

Petit quinquin à Castle Rock

Banc de carangues à gros yeux

Barracuda à l'affut

Requin en maraude sur Crystal Rock

À la fin de cette semaine de plongée, nous avons quitté Labuan Bajo avec des étoiles plein les yeux, pour rejoindre Sape sur l’île de Sumbawa grâce au ferry (hors d’âge) quotidien qui relie les deux îles. Ce périple sur l’île de Sumbawa a été un véritable « voyage en terre inconnue », en effet, nous avons souvent été les seuls touristes à plusieurs kilomètres à la ronde, avec peu d’indonésiens parlant anglais ! Après Sumbawa, nous avons rejoint la petite île de Nusa Penida, au sud-est de Bali (je voulais éviter Bali, que je trouve saturée par le tourisme), où nous avons aussi plongé. Je ferai prochainement un billet particulier sur la plongée à Nusa Penida.

Je tiens à remercier le staff de Neren Diving : bien sûr, mon amie Lorena qui nous a chaperonnés et organisé notre accueil à distance du fait de son absence de Labuan Bajo pour raisons personnelles, Nacho et Alberto (ses associés) qui ont vraiment tout mis en œuvre pour que nous nous sentions comme chez nous, le staff sur le bateau : Léopoldo, Damian, Gianna et bien sûr notre guide indonésien Damas, qui s’est mis en quatre pour nous faire faire de belles immersions ! En tout cas, J’espère que ce post vous aura donné envie d’aller plonger en Indonésie, n’hésitez à me contacter si vous souhaitez des détails supplémentaires. Dans le cas où vous auriez déjà plonger à Komodo, en gardez-vous un souvenir mémorable ? Merci par avance pour vos retours !

2 réflexions au sujet de “Été 2019 : On a (re)plongé sur Komodo”

  1. Hello Philippe! ça donne envie!! J’ai fait Raja Ampat mais pas Komodo. Je grille de retourner là- bas. As- tu fait Raja Ampat?

    • Bonjour Anne
      Moi c’est le contraire !
      Je brulais de replonger à Komodo, mais je ne suis jamais allé sur Raja Ampat…
      Un jour prochain certainement !

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