Un programme de formation Nitrox Confirmé

De mon point de vue, la plongée au Nitrox présente d’indéniables avantages par rapport à la plongée à l’air (j’avais déjà écrit un billet sur ce sujet en juin 2018, je ne reviendrai donc pas dessus). La formation « Plongeur Nitrox Confirmé » qui s’adresse à des plongeurs au minimum titulaire du brevet de Plongeur Niveau 2 FFESSM (ou équivalent) permet d’appréhender l’usage du Nitrox, non seulement en « mélange fond » mais aussi en « mélange décompression », notamment en manipulant des mélanges très riches en oxygène, voire de l’O2 pur. L’idée de ce billet est donc de proposer un programme de formation pour en voir les différents aspects et permettre l’utilisation du Nitrox en toute sécurité.

La Manuel de Formation Technique rappelle que cette formation s’adresse ne s’effectue qu’en milieu naturel et que les conditions pour pouvoir la suivre sont les suivantes :

  • Être titulaire de la licence FFESSM en cours de validité.
  • Être âgé d’au moins 16 ans à la date de la délivrance.
  • Être titulaire du brevet de plongeur niveau 2 de la FFESSM ou d’un brevet admis en équivalence.
  • Être titulaire de la qualification de Plongeur Nitrox de la FFESSM ou d’une qualification admise en équivalence (qualification délivrée par l’un des organismes reconnus dans le Code du Sport)
  • Présenter son carnet de plongée. et pouvoir attester d’avoir effectué un minimum de 10 plongées à l’air dans la zone des 30 à 40 mètres (plongées dûment validées sur le carnet de plongée ou par mention sur le passeport ou par fiche justificative dûment remplie).
  • Avoir effectué un minimum de 6 plongées au Nitrox, dont 4 au moins pendant la formation, attestées par un Moniteur Nitrox FFESSM.
  • Être en règle du point de vue médical (avoir un un CACI en cours de validité).

La formation permet l’obtention de la qualification « Plongeur Nitrox Confirmé », leur permettant d’utiliser tous les mélanges Nitrox couramment utilisés ainsi que l’oxygène pur en décompression. Comme il s’agit d’une qualification (et non pas d’un brevet), les titulaires gardent les mêmes prérogatives que celles définies dans le Code du Sport, correspondantes à leur niveau de plongée (en terme d’autonomie et de profondeur).

Quelques connaissances théoriques sont à approfondir, soit pendant la formation, soit à l’occasion d’un cours théorique dédié (c’est l’option que je retiens, car elle permet de manipuler tranquillement le matériel supplémentaire utilisé dans la partie pratique, à savoir le « pony », bloc contenant un nitrox enrichi, utilisé en décompression, ainsi que la sensibilisation sur la planification de plongée, et un rappel sur la manipulation du changement de gaz sur l’ordinateur de plongée (si celui-ci le permet).

Je vais maintenant m’attacher à décrire le contenu pédagogique que je mets en place pour les quatre plongées nécessaires à l’obtention de cette qualification (bien entendu, il faut considérer ce programme de formation comme une proposition amendable et améliorable, je ne prétends pas détenir la vérité absolue !). Je propose de réaliser cette partie pratique sur 2 jours (soit un sur un week-end dédié, soit à une semaine d’intervalle pour ne pas laisser trop de temps entre les plongées) :

  • Plongée #1 : « Exploration à 30 mètres »
L’objectif principal de cette première plongée est d’appréhender la plongée avec un pony de décompression accroché au gilet stabilisateur. Il s’ensuit une vérification et une adaptation du lestage utilisé (selon que l’on utilise un bloc de déco en aluminium, en carbone ou en acier, on devra porter ne vigilance particulière sur ce point. La plongée s’effectue avec un mélange fond que les plongeurs déterminent en utilisant le calcul du »Best Mix » à utiliser pour la plongée, et un mélange de décompression constitué avec du Nitrox 40/60 (40 % d’O2). La planification de la plongée est faite sous la supervision du moniteur de façon à ce que la palanquée soit amenée à effectuer des paliers obligatoires.
En fin d’exploration, un des membres de la palanquée envoie un parachute de signalisation depuis le fond (technique très intéressante pour permettre au Directeur de Plongée de savoir que l’explo au fond est terminée, et que la phase de remontée/décompression démarre). Arrivés à la profondeur du premier palier, les plongeurs basculent sur leur pony, effectuent le changement de gaz et réalisent les paliers de façon à garantir une bonne décompression à la palanquée.
  • Plongée #2 : « Technique à 20 mètres »

Cette deuxième plongée doit permettre d’appréhender la réalisation de gestes de secours, pour bien montrer et faire ressentir aux plongeurs les différences par rapport à l’équipement de chacun, notamment l’assistance sur un plongeur équipé d’un bloc de décompression. La plongée s’effectue avec le même pony que celui utilisé lors de la plongée #1 ci-dessus. On essaie de trouver un site sécurisé pour réaliser les paliers, et la palanquée en profite pour effectuer des manoeuvres de capelage/décapelage du bloc de décompression, afin de travailler l’aisance à faible profondeur avec ce type de matériel, et aussi pour parfaire le bon positionnement du pony sur la stab (c’est à dire que chacun puisse déterminer le positionnement qu’il préfère pour le pony).

  • Plongée #3 : « Exploration à 40 mètres »

L’objectif de cette troisième plongée est de consolider les acquis de la plongée #1. Comme pour cette dernière, les plongeurs déterminent le « Best Mix » et planifient leur plongée en conséquence. Bien que le Manuel de Formation recommande d’effectuer un « palier à l’oxygène pur et un parfait contrôle de la stabilisation à la profondeur des paliers », je préfère utiliser un bloc de décompression avec un mélange Nitrox 80/20 (80 % d’O2). En effet, ce mélange a une M.O.D. (« Maximum Operating Depth », ou profondeur maximale d’utilisation) positionnée à 10 mètres de fond, ce qui comparé à l’oxygène pur (qui lui a une M.O.D. positionnée à 6 mètres) et apporte donc une marge de sécurité appréciable en formation, tout en ne diminuant pas de façon notable le plus apporté par la suroxygénation en décompression.

Comme pour la plongée #1, un des membres de la palanquée envoie le parachute depuis le fond, au moment où la partie exploration se termine et que la palanquée entame la remontée.Envoi du parachute depuis le fond. Arrivés à la profondeur du premier palier à effectuer, les plongeurs basculent sur leur bloc de décompression, effectuent le changement de gaz sur l’ordinateur, et effectuent les paliers comme indiqués par leurs instruments respectifs, de façon à ce que la palanquée puisse faire surface en toute sécurité.

  • Plongée #4 : « Technique à 20 mètres »

Comme pour la plongée #2, cette dernière plongée de formation a pour but d’effectuer des gestes techniques de secours. Si les stagiaires sont titulaires du brevet de plongeur Niveau 3, on pourra réaliser les exercices non pas depuis une profondeur de 20 mètres mais en profiter pour descendre un peu plus profond et effectuer les exercices depuis une profondeur de 30 mètres. Les exercices proposés consistent à effectuer un sauvetage sur un plongeur inconscient ou à réaliser une assistance évolutive (démarrage en assistance puis bascule en sauvetage sur perte du détendeur par le moniteur). Encore une fois, les plongeurs ressentiront la différence avec l’équipement supplémentaire du pony. On utilise pour cette plongée le même mélange à 80 % d’O2 que pour la plongée #3.

En fin de plongée, on consacre le temps des paliers à effectuer des manœuvres de capelage /décapelage du pony pour le positionner et l’accrocher de divers façons sur sa stab, et procéder à des échanges de bloc de décompression. Une fois les paliers effectués, la palanquée fait surface.

Une fois ces quatre plongées effectuées, il est possible de délivrer la qualification attendue, à moins que des éléments rédhibitoires n’aient été identifiés par le moniteur, auquel cas, il conviendra d’effectuer une ou deux plongées supplémentaires pour remédier aux difficultés rencontrées.

Et vous, en tant que stagiaire, qu’avez-vous effectué comme exercices pendant votre formation nitrox confirmé ? En tant que moniteur, quel programme de formation mettez-vous en œuvre ? Merci d’avance pour vos retours !

4 réflexions au sujet de “Un programme de formation Nitrox Confirmé”

  1. Bonjour Phil,

    Article complet, merci. Ma formation Nx confirmé s’est déroulée un peu comme tu décris, avec en plus une 3° plongée avec 2 ponys (Nx50 et Nx75) et donc 2 changements de gaz. Le moniteur en a profité pour me faire nager avec un pony de chaque côté, les 2 à gauche puis les 2 à droite pour ressentir la différence. Mes envies de Trimix sont derrière cet exercice un peu hors sujet pour le Nx confirmé, mais amusant.
    J’aurais aimé lancer 2 parachutes profonds, le second sur la ligne du premier. La fameuse procédure de secours dont on parle mais que l’on ne fait jamais. On en avait parlé avec le moniteur mais cela ne s’est pas fait sou l’eau.

    Bonnes bulles !
    Stéphane

    • Merci Stéphane ! Oui le Nitrox Confirmé est souvent une porte d’entrée pour le trimix !

  2. Salut Philippe,
    Une question : tout le monde n’a pas d’ordinateur permettant la gestion de plusieurs mélanges (fond, déco). Comment gères tu la formation N. confirmé dans ce cas pour ne pas mettre les ordis en carafe ?

    Jean Louis

    • Salut Jean-Louis,
      tout simplement, on fait la déco au palier avec l’ordinateur réglé en mélange fond. Par contre on ne bénéficie pas alors du temps de palier plus court…

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