Quelques critères pour choisir un ordinateur de plongée

Je vois souvent la question du choix d’un ordinateur revenir sur les réseaux sociaux, aussi bien que dans mon club de plongée. A chaque fois, la question est formulée sensiblement de la même manière : « Je vais passer mon N? (mettez-y N1, N2, N3 et même N4), à ton avis, quel ordinateur dois-je choisir ? ». Comme la plupart des plongeurs, je suis pris par le premier réflexe qui est de répondre « le même que le mien » ou « celui que j’ai » (et pour cause, si j’ai acheté le modèle « Trucmuche 2000 GTs », c’est que c’est à coup sûr le meilleur ! ), mais ce n’est pas la bonne façon d’aider un plongeur ou une plongeuse en plein questionnement sur cet investissement, d’autant plus que l’offre du marché, est pléthorique, aussi bien du côté des montres, que des ordinateurs de poignet ou des ordinateurs en console, sans compter les ordinateurs « Tek »… Le but principal de ce billet est donc d’apporter une aide aux plongeurs qui se posent ce type de question. Je vais tenter de ne pas avoir d’avis péremptoire et je vais dresser une liste (non exhaustive) de critères à prendre en compte pour aider dans ce choix cornélien.

Comme je l’ai souligné en introduction, le marché des ordinateurs de plongée est très actif, et comme tout domaine basé sur la technologie, les évolutions sont nombreuses et constantes. Ainsi quand je regarde un peu en arrière (et pas si loin que cela), j’avais eu l’occasion de tester pas mal d’ordinateurs lors de la campagne de tests 2015 du magazine « Plongeurs International », et quand je regarde l’offre d’aujourd’hui, elle n’a quasi plus rien à voir avec le matériel testé il y a quatre ans ! Des marques ont disparu (rachetées ou intégrées à des catalogues de gros constructeurs, comme les ordianteurs Oceanic, intégrés au catalogue Aqualung), d’autres se sont faits une place « au soleil », ou tout au moins ont trouvé leur public (je citerai les ordinateurs OSTC, ou Shearwater), Les écrans couleur de technologie récente sont quasiment devenus la norme (on a vu ainsi Uwatec sortir l’ordinateur G2, en remplacement du fameux Galileo Sol, dont les différences principales sont la taille réduite et l’écran couleur). Enfin les ordinateurs du marché, presque sans exception, sont tous compatibles Nitrox, ce qui n’était pas encore le cas il y a quelques années. Devant un tel dynamisme et une telle concurrence acharnée que se livrent les constructeurs, je me verrais bien embêté si je devais préconiser tel ou tel modèle, sachant que potentiellement, dans une année ou deux, le modèle que j’aurais recommandé pourrait passer dans la catégorie « Has-Been » !

Avant d’énoncer une liste de critères de choix, il convient de savoir répondre à une question essentielle, car c’est elle qui va guider l’ensemble de votre réflexion ensuite. Cette question est simple, peut paraître anodine, mais est fondamentale : « Quel(le) type de plongeur(euse) suis-je ? ». En effet savoir y répondre précisément vous permettra de vous orienter vers les trois quatre ordinateurs qui vous correspondent et ensuite, avec cette liste courte, de choisir celui qui vous convient le mieux.

Pour déterminer votre type de plongeur, des questions annexes se posent : combien de plongées sont effectuées par an ? une dizaine, entre dix et cinquante, entre cinquante et cent, plus de cent plongées ? De même, le type de plongée que vous effectuez doit entrer en ligne de compte : vous ne faites que des plongées encadrées en eau chaude ? vous plongez en eau douce et en eau salée, aussi bien en été qu’en hiver ? Vous êtes un(e) adepte de l’autonomie à tout prix ? Vous faites principalement des plongées profondes ?

Les réponses à ces questions, associées au budget que vous êtes prêt(e)s à débourser pour votre investissement vous permettront de vous orienter dans la « jungle » des modèles d’ordinateur.

Maintenant, sur les critères propres aux modèles eux-mêmes, je mettrais en avant les critères suivants :

  • Qualité et lisibilité de l’écran : dans ce critère, je mets la luminosité et la facilité de lecture des informations au premier coup d’œil. N’oublions pas que nous perdons la moitié de nos neurones dès que nous nous immergeons et qu’il faut que l’écran soit intuitif et lisible même par faible lumière.
  • Navigation intuitive dans les menus : C’est là un critère très discriminant, plusieurs modèles d’ordinateurs demandent des manipulations sur les boutons qui peuvent être complexes à appréhender : on se perd entre les appuis courts et les appuis longs ainsi que le nombre réduit de boutons.
  • Possibilité de gestion multi-gaz et multi-bouteille : Si vous êtes amenés à faire des plongées avec des blocs supplémentaires pour votre décompression, cela devient un critère discriminant. Dans le cas contraire, c’est un critère que vous pouvez ne pas prendre en compte. Attention, il ne faut pas confondre le fait que l’ordinateur permette la plongée au Nitrox (ils le font tous aujourd’hui) et le fait qu’il permette de plonger avec plusieurs mélanges et passer d’un bloc à l’autre au cours de la plongée.
  • Calcul de l’autonomie (« gestion d’air ») : c’est un critère intéressant, mais pas fondamental, grâce à la gestion du stock d’air résiduel dans votre bloc, vous aurez accès à une information supplémentaire : le temps qui vous reste en plongée à la profondeur à laquelle vous êtes (ce qui ne doit pas empêcher de surveiller son manomètre !).
  • Existence d’un compas électronique : c’est encore un critère de confort, petit plus mais qui petu être utile (personnellement, je plonge encore avec mon compas « old-school », mais j’utilise le compas de mon ordi régulièrement).
  • Qualité du bracelet : dépenser quelques centaines d’euros pour un ordinateur dont le bracelet ne vous parait pas fiable n’est pas raisonnable. Il n’empêche qu’il vaut mieux de toute façon ajouter une dragonne pour pallier à la rupture du bracelet…
  • Personnalisation : c’est la possibilité de durcir l’algorithme, de prendre en compte l’altitude si on plonge en lac, et d’y ajouter un certain nombre d’informations comme votre nom, votre brevet, ….
  • Type d’interface  : Cette fonction est utile pour charger les données sur un PC ou un Mac (si vous souhaitez tenir votre carnet de plongée sur votre ordinateur personnel) : Encore une fois, si vous n’êtes pas intéressé par cette fonctionnalité, pourquoi investir dans un mode que vous n’utiliserez pas ?

J’ai exclu de ces critères la possibilité du changement de piles ou d’accus par l’utilisateur. Cet argument, développé il y a quelques années par les constructeurs commence à ne plus être un plus, les batteries devenant directement rechargeable par un port USB  sur de nombreux modèles.

De même, pour de la plongée loisir, je ne prends pas en compte l’algorithme mis en œuvre, la grande majorité des ordinateurs « grand public » utilise peu ou prou le même modèle. L’intérêt de l’algorithme mis en œuvre commence à prendre du sens pour des plongées quelque peu « engagées ».

Un point important aussi est la lisibilité du manuel utilisateur. Je sais bien que le défaut des Français est de ne jamais lire le mode d’emploi, je ne peux que recommander avec la plus haute insistance de s’y plonger pour en comprendre son utilisation et sa configuration. Il ne faut pas oublier que c’est un élément essentiel de votre sécurité pour votre décompression. Le choix et l’utilisation d’un ordinateur de plongée ne s’improvise pas, Il faut savoir s’en servir, C’est la garantie de plonger en sécurité. Il n’y a pas de « mauvais » ordinateur sur le marché français aujourd’hui : Ils vont tous dans le sens de la sécurité et du conservatisme (au sens où ils ont plutôt tendance à rajouter des paliers).

Enfin, rien ne vaut une bonne manipulation de l’objet pour pouvoir se décider ! Ainsi je vous soumets cette petite manipulation à faire avec les deux ou trois modèles entre lesquels vous hésitez : Il s’agit de réaliser quelques réglages simples et usuels que vous serz amenés à faire régulièrement. J’en retiens cinq :

  1. Régler l’ordinateur en mode Nitrox à 32% avec une Pp02 à 1,4 bar
  2. Planifier une plongée à 20 mètres pour 53’ prévues
  3. Durcir l’ordinateur
  4. Effectuer la mise à l’heure
  5. Régler une profondeur maximum et l’alarme qui va avec.

Pour chacun des ordinateurs de votre liste courte, vous verrez celui que vous savez ou pouvez utiliser le plus intuitivement possible. A coup sûr, c’est celui-là qu’il vous faut !

Et vous, avez-vous d’autres critères de choix pour un ordinateur, êtes vous content de l’ordinateur que vous vous êtes offert ? Merci par avance pour vos retours.

10 réflexions au sujet de “Quelques critères pour choisir un ordinateur de plongée”

    • Oui Véro, c’est vrai que certains ordinateurs ressemblent un peu à des tablettes ! 🙂

  1. Pour moi 3 points importants :
    l affichage de la vitesse de remontée et non pas un pseudo barre graph,
    le mode couleur pr voir en toute circonstance
    et l algorithme.
    Pensons aussi aux moniteurs qui font beaucoup de yo-yo……

    • Merci Éric, effecitvement l’affichage intuitif de la vitesse de remontée avec une alarme lorsque la vitesse est trop rapide est primordiale. comme je suis daltonien de la pire espèce, le mode couleur m’est étranger, mais un écran avec un bon contraste et un rétro-éclairage efficient est un plus… Pour l’algorithme, j’avoue ne pas avoir d’avis réellement. Sachant que l’ordinateur affiche n’importe quoi quand on fait des remontées multiples, dans ce cas, il devient juste une jolie montre !

  2. Côté algorithme.. tout à fait ok avec toi Phil…. Un ordi de plongée doit être à la portée de tout le monde, c’est à dire simple, fiable, peu encombrant et avec aussi le Bip Bip en cas de remontée rapide… Ca peut toujours servir pour ceux qui ne comprennent pas bien le langage des bulles.

    • Oui Véro, je pense que l’attention portée à l’algorithme de gestion de la saturation et de la décompression doit se faire quand on progresse dans la pratique, et qu’on est amené à faire de la plongée aux mélanges un peu plus engagée, voire de la plongée au Trimix

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