Trucs et astuces : Quelques méthodes de « mouillage » intéressantes

A chaque sortie plongée en club ou entre plongeurs autonomes, on se pose la question du spot de plongée, et malheureusement, on ne se pose pas préalablement la question de savoir quelle sera la méthode de mouillage qui sera utilisée pour garantir la sécurité des palanquées, à savoir, une mise à l’eau aisée, une descente et une remontée en sécurité, ainsi que divers autres éléments relatifs au confort des plongeurs (blocs au pendeur, barre de palier, …). De nombreuses fois, moi y compris, la prise de mouillage s’est faite sans anticipation préalable, ce qui peut ne poser de problème en soi, mais qui peut être préjudiciable en cas d’incident ou d’accident de plongée. Qui n’a jamais eu un mouillage qui chasse du fait de plongeurs et plongeuses qui descendent le long en se déhalant en tirant de tout leur poids et provoquant le dérapage de l’ancre sur le fond ? Pour remédier à cela, je me suis dit qu’il pourrait être intéressant de mettre noir sur blanc quelques bonnes pratiques. L’objectif de ce billet est donc de tenter de faire le tour de quelques techniques de mouillage pour vous permettre de vous garantir de plonger l’esprit serein !

En pratique, on part plonger après avoir déterminé le spot sur lequel l’exploration ou la formation va dérouler, on avise la direction du courant, du vent, et de la houle, pour trouver le meilleur endroit (si les conditions  ne s’y prêtent pas, le Directeur de Plongée averti aura toujours dans sa manche un spot de repli), et une fois sur le spot, on largue l’ancre les plongeurs s’équipent, les palanquées se mettent à l’eau dans un ordre prédéterminé, et une fois les immersions effectuées et tout le monde revenu à bord, on remonte le mouillage et on rentre au bercail pour parler de ses exploits subaquatiques ! Un tel déroulement des faits s’exécute classiquement quand tout va bien, pourtant le moindre aléas peut mettre en difficulté même les plongeurs les plus aguerris. Alors comment éviter qu’un souci ne devienne un problème ?

Voici donc quelques méthodes que j’ai pu mettre en œuvre (dont certaines que j’ai découvert sur internet) :

  • Méthode #0 : Ne pas mouiller, utiliser les bouées prévues à cet effet ! Cette phrase peut paraître absurde, mais il faut savoir qu’il est interdit de mouiller sur bon nombre de sites de plongées, notamment dans des aires marines protégées. Il existe alors soit des bouées de mouillage répertoriées sur les cartes ou des anneaux cimentés sur la roche à quelques mètres de profondeur. Dans le cas des bouées de mouillage,il convient de se renseigner préalablement pour connaître les règles d’amarrage, et régler l’éventuelle redevance associée avant d’aller passer un bout sur l’anneau. On passera bien évidemment toujours le bout « en double » pour faciliter le largage.
  • Méthode #1 : Le mouillage « classique » mais renforcé « spécial plongeur » : lest et orin. Cette méthode est à privilégier si les fonds ne présentent pas de risque de dégradation particulier, on l’évitera sur un champ de posidonies ou de zoostères ! Un orin est un cordage fixé au diamant de l’ancre et maintenu en surface par une bouée. Sous la bouée, on fixe une poulie inox. Dans cette poulie, le cordage de l’orin (plus long de quelques mètres que la profondeur d’eau) est lesté d’un plomb de ceinture, ce qui fait que la bouée se place toujours à la verticale de l’ancre. Pour les plongeurs qui reviennent au mouillage, c’est alors au choix, on remonte le long du bout de l’ancre ou à la verticale le long de l’orin. cela peut éviter les embouteillages au palier par exemple ! Le deuxième truc de ce type de mouillage est de « maniller » une gueuze de 5à 7 kg qu’on fait coulisser le long du mouillage depuis le bateau. Cette gueuse va renforcer le mouillage en le maintenant au fond et garantira qu’on ne chasse pas quand les plongeurs descendent le long du bout en se déhalant, c’est utile en cas de fort courant. Pour relever, l’ancre, on relève la gueuse en premier, on met le bateau en marche avant vers la bouée de l’orin, on récupère la bouée et on remonte le mouillage. Si l’ancre se coince, on tire sur l’orin qui devrait aider à la décoincer ! Cette technique est inspirée d’un vieil article de Voiles et Voiliers en 1996.
  • Méthode #2 : La gueuse à lest coulissant. En fait il suffit de récupérer le bout et la bouée de l’orin ci-dessous, et de récupérer la gueuse pour la frapper sur le bout libre de l’orin. Quand on arrive sur le spot de plongée, on se contente de larguer la gueuse qui va tomber rapidement au fond, et la bouée va se positionner à la verticale. Le bateau reste mobile autour pendant les immersions et va récupérer les plongeurs soit à la bouée, soit au parachute. Si on a la bonne idée de prendre une gueuse avec forme compacte, elle tombe vraiment extrêmement rapidement au fond. J’aime beaucoup ce type de mouillage car il permet de maximiser la sécurité. Si vous voulez « bétonner » la sécurité, vous pouvez aussi placer un pavillon alpha sur le dessus de la bouée. J’ai découvert cette méthode via le site Épaves-Passion.
  • Méthode #3 : La gueuse avec bout enroulé sur pare-battage. Il s’agit de la version « low-cost » de la méthode précédente. quand on arrive au dessus du point d’immersion, on lance à l’eau le pare-battage, et la gueuse tombe au fond rapidement, le bout se déroule du pare-battage automatiquement. L’avantage de ce dispositif est son encombrement, son inconvénient est que le bout va se dérouler complètement ce qui fait qu’on aura très rarement un bout vertical… Mon ami Joël de Sympathic Palanquée utilise souvent cette méthode.

Bien entendu, il ne faut pas hésiter à installer un parachute de relevage sur la gueuse ou l’ancre afin de faciliter sa remontée. La dernière palanquée à s’immerger, composée exclusivement de plongeurs autonomes expérimentés ou sous la direction d’un Guide de Palanquée, plus apte à retrouver le mouillage, pourra effectuer la manipulation. Au préalable, la première palanquée aura pris soin de gonfler un petit peu le parachute pour le redresser, ce qui amène un repère visuel supplémentaire favorisant la capacité des palanquées à retrouver l’ancre au fond !

D’autre part, il ne faut bien sûr pas oublier d’envoyer le pavillon alpha avant la première immersion (ou d’allumer les feux Rouge-Blanc-Rouge en cas de plongée de nuit). Du point de vue de la sécurité, je préconise d’installer un bloc de secours immergé (en cas de mouillage fixe). On laisse le bloc fermé, et le Directeur de Plongée prend le soin de le rappeler à haute et intelligible voix à toutes les palanquées.

Pour terminer, je recommande de mouiller une ligne de vie le long du bateau (à bâbord ou tribord, mais installée sur le bord sous le courant) et un trainard d’au moins 50 mètres de longueur, de toujours gréer votre mouillage de façon à ce qu’il soit largable rapidement depuis le bateau (il suffit d’ajouter une bouée sur la ligne de mouillage), si on doit abandonner le mouillage rapidement.

Et vous, avez-vous d’autres techniques de mouillage que vous pourriez partager ? Merci d’avance pour vos retours !

 

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