Quelques bons gestes en vrac pour surmonter quelques aléas

Lorsque nous pratiquons notre activité favorite, il peut arriver que nous subissions quelques petites blessures (coupures, saignements de nez, douleur dans les oreilles ou dans les sinus, …) ou quelques désagréments (mal de mer, déshydratation, envie d’uriner). Le plus simple est toujours bien entendu de prévenir le Directeur de Plongée qui, au pire, vous apportera les bons conseils (sans aucun jugement de sa part, il n’y a donc aucune honte à lui en parler) et au mieux, se saisira de sa boite  à « bobologie » pour vous administrer le traitement adapté afin de vous soulager. L’objet de ce billet est de faire en quelque sorte le tour des petites blessures et des petits désagréments pour rappeler et expliquer les premiers bons gestes à pratiquer et les bonnes démarches à adopter, aussi bien du point de vue de la prévention, que de la conduite à tenir. L’idée n’est pas non plus de remplacer le diagnostic d’un médecin (loin de moi l’idée de l’exercice illégal de la médecine !) mais bien de rappeler quelques trucs de bon sens.

Les coupures

On se coupe très facilement sous l’eau, il suffit pour cela de toucher des moules, heurter (même doucement) une plaque de métal sur une épave, ou toucher des coraux de type « corail doigt » ou d’acropora. Tant que l’on reste en immersion, on ne saigne pas, mais dès qu’on sort de l’eau, le sang se met à couler, et le sel peut rendre la coupure très douloureuse. De plus si on se coupe sur du corail, il se peut en plus qu’un minuscule morceau se coince dans le derme endommagé. Alors que faire ? C’est très simple, pour commencer, il suffit de bien rincer à l’eau douce la coupure (jamais à l’eau salée !). Ensuite, il faut bien nettoyer la coupure avec un antiseptique local, et ne pas hésiter à couvrir la zone avec de la vaseline. Si la blessure vous fait encore mal au bout de quelques jours, n’hésitez pas à consulter votre médecin.

Le saignement de nez

Quelquefois, les oreilles ont du mal à passer, et le plongeur force en effectuant des manœuvres de Valsalva à répétition… Ces manœuvres peuvent provoquer un saignement de nez, signal que le barotraumatisme des sinus n’est pas loin ! En immersion, on ne décèlera pas grand chose, juste peut-être une petite coloration rougeâtre dans le masque. Par contre, dès que l’on fait surface, il se peut que le plongeur soit victime d’un saignement de nez. Dans ce cas, il convient de se déséquiper rapidement (pour ne pas salir inutilement le matériel), de s’asseoir (plutôt dans un coin protégé du vent pour ne pas avoir froid), de pencher la tête vers l’avant (et jamais vers l’arrière comme la croyance populaire le croit) et d’éventuellement se pincer le nez quelques minutes pour stopper le saignement (si il persiste après 15 à 20 minutes, il est sage de consulter un médecin).

Quand le saignement a stoppé, ma recommandation est de ne pas replonger de la journée, et pour les futures plongées, de bien faire attention à sa vitesse de descente, et bien entendu d’équilibrer les oreilles le plus souvent possible, sans forcer.

Le mal aux oreilles ou aux sinus

L’équilibrage des oreilles peut aussi provoquer de micro-barotraumatismes qui, bien que sans gravité, révèlent une gêne persistante aux oreilles (ou aux sinus) en sortant de l’eau. Cette situation se rencontre le plus souvent avec un équilibrage tardif des oreilles, ou d’un tout petit rhume qui néanmoins encombre suffisamment les fosses nasales pour gêner le passage de l’air dans les trompes d’Eustache.

Un bon rinçage à l’eau douce et tiède suivi d’un séchage minutieux de l’oreille incriminée est la meilleure des choses à faire. Il existe un produit miracle dont j’ai déjà parlé dans ce billet : l’eau oxygénée boratée. D’autre part, on pourra aussi prendre des produits de type fluidifiant (acétylcystéine) pour aider à la décongestion des voies nasales, voire d’un anti-inflammatoire local pour calmer la douleur (du genre otipax). Ces produits ne sont pas soumis à une prescription médicale.

Bien entendu si la gêne persiste, il est sage de consulter et de toute façon de ne pas plonger pendant que la douleur est là, vous ne feriez qu’aggraver les choses.

Le mal de mer

Le mal de mer peut se manifester de différentes façons, quelquefois, c’est juste un énorme coup de fatigue qui vous place dans l’incapacité de réagir et de penser. Souvent, le mal de mer s’accompagne de nausées, de vomissements répétés qui place la personne qui en souffre dans un état mental d’abandon. Quand les spasmes et les vomissements sont nombreux, on constate même des états « dépressifs » où la personne ne pense plus à rien et souhaite même « en finir ». Personne n’est à l’abri du mal de mer, on y est tous plus ou moins sensibles. Chacun a sa technique pour prévenir et soigner le mal de mer, nous allons en énumérer quelques-unes :

Ne pas prendre la mer l’estomac vide, il faut bien manger avant.

Il faut prévoir des aliments secs pour du grignotage (fruits séchés, biscuits secs, …) et s’hydrater régulièrement, sans boire de trop. Je conseille toujours aux plongeurs que j’accompagne de prendre des bananes, car c’est un fruit calorique, énergisant, comme le dit le proverbe « elles gardent le même goût en entrant et en sortant ! ».

Dès que le mal de mer se fait sentir, il faut fixer un point fixe à l’horizon, ou fixer la côte si on la voit. Si le mal de mer persiste, il n’y a pas d’autre solution que s’allonger, bien se couvrir pour se protéger du froid et tenter de dormir (plus facile à dire qu’à faire). On peut aussi tenter de se mettre dans l’eau (si on a pas froid), pour ne plus être exposé aux mouvements du bateau. En général, c’est assez efficace.

Je déconseille l’usage des médicaments classiques (nautamine, dramamine, mercalm, …) car ils s’accompagnent de somnolence, et ce n’est pas très indiqué pour plonger.

L’envie d’uriner

Beaucoup de plongeurs se plaignent que dès qu’ils revêtent leurs habits de lumière, ils ont immédiatement envie d’uriner… Au-delà du réflexe pavlovien, ceci est dû au phénomène appelé « la diurèse d’immersion ». C’est juste la réponse physique du corps au fait d’être mis en pression. Voici l’explication schématique : Sur terre, le sang a tendance à glisser dans les jambes du fait de la gravité. Mais sous l’eau, comme nous sommes équilibrés grâce à notre gilet, nous sommes en quelque sorte en gravité « 0 ». De fait, le sang se répartit alors de manière uniforme dans tout le corps. Le cerveau analyse alors ce fait comme étant une trop grande quantité de sang présente dans l’organisme et commande de s’en débarrasser en produisant de l’urine.

Pour limiter l’effet de la diurèse d’immersion, je conseille d’éviter de consommer des boissons diurétiques comme le café ou le thé juste avant de plonger. De même, il faut essayer de ne pas s’exposer au froid, une des réponses du corps quand il est exposé au froid est de produire de l’urine. De même, la consommation d’alcool doit être évitée car l’alcool expose au froid et par la même, renforce la diurèse.

La déshydratation

C’est le principal ennemi du plongeur car elle est insidieuse ! On ne le rappellera jamais assez, il faut toujours prendre une bouteille d’eau minérale ou de source avec soi quand on va plonger. J’ai pour habitude de boire une grande lampée d’eau juste avant l’immersion, et de boire très régulièrement après la plongée. Il ne faut pas oublier que l’air comprimé dans les blocs est beaucoup sec que l’air ambiant (en effet la filtration à la compression enlève aussi l’humidité de l’air), et d’autre part, la diurèse d’immersion va amplifier le phénomène ! la déshydratation peut aussi emmener vers des accidents, il ne faut pas la prendre à la légère. En effet, elle est un facteur favorisant de l’accident de désaturation.

Mon conseil est que dès que la sensation de soif est là, il faut boire. Et sur la manière de s’hydrater, il vaut mieux prendre souvent de petites gorgées qu’une grande lampée peu souvent ! Il est d’usage chez les plongeurs de prendre un petit apéro entre la plongée du matin et celle de l’après-midi. Je ne veux pas être un père-la-morale, mais, je préfère toujours boire de l’eau, un jus de fruit ou un soda entre 2 plongées, ça n’enlève rien à la convivialité et ça ne met pas en posture d’accident (on aura le temps de prendre un bon apéro avec les copains une fois que les plongées sont finies !).

Et vous, avez-vous d’autres trucs pour contrer ces petits aléas ? Merci d’avance pour vos retours !

 

6 réflexions au sujet de “Quelques bons gestes en vrac pour surmonter quelques aléas”

  1. Contre le mal de mer, astuce de voileuse: 1000 mg de vitamine C par jour une semaine avant le départ en Mer et durant toute la durée du séjour plongée… Plus de mal de mer pour moi, encore le mal de terre par contre, je pense que je dois être faite pour être sur et sous l’eau 😉

    • Merci Nathalie ! Je rajoute ton astuce à la liste ! A un de ces jours sous l’eau en Mer Rouge !

  2. Petite correction. La phrase suivante sur la diurèse d’immersion n’est pas exacte : « Mais sous l’eau, comme nous sommes équilibrés grâce à notre gilet, nous sommes en quelque sorte en gravité « 0 ». »
    La diurèse d’immersion est plutôt due à la poussée d’Archimède qu’au gilet !
    Du coup le sang ne se répartie plus de manière uniforme mais quitte les membres et revient vers le tronc. Il faut donc diminuer l’eau contenue dans le sang pour limiter le volume sanguin du tronc.
    La vidéo du CIBPL sur le sujet est pas mal, pour ceux que ça intéresse :

    • Merci Guillaume pour ta précision ! J’avais voulu faire simple, mais c’est vrai que ton explication est la bonne.

  3. Merci pour ces infos!
    J’ai été concernée par un mal de mer assez violent pendant une explo et je m’en rappelle encore! Je n’avais pas du tout envie de savoir si je pouvais « utiliser » le détendeur. Une fois à terre j’ai encore été malade 2 bonnes heures. Un problème inattendu pour moi qui ai plutôt le pied marin…

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