Comment moins consommer en immersion ?

Un article publié par une école américaine bien connue a attiré mon attention. Il s’agit d’un billet qui traite de la façon d’améliorer sa consommation d’air en immersion. Il y a des choses intéressantes dans cet article, mais je n’y ai pas trouvé les points que je considère comme fondamentaux pour mieux et surtout moins consommer de gaz alors qu’on est en immersion. Je vais donc reprendre dans cet article ces points et détailler ceux que je trouve encore plus importants pour améliorer sa consommation de gaz.

Il faut se rappeler qu’un plongeur moyen consomme environ 20 litres d’air par minute, ce qui lui donne une autonomie d’environ 30 minutes à 20 mètres avec un bloc de 12 litres gonflé à 200 bar et dont la réserve est fixée à 50 bar (cela revient à une consommation d’environ 5 bar par minute à 20 mètres). le même plongeur, si il parvient à diminuer de 5 litres par minute sa consommation, gagnera 10 minutes d’autonomie à la même profondeur ! La consommation est donc un point essentiel pour faire de belles et longues plongées (je sais, cela peut ressembler à une lapalissade, mais je considère que si cela va sans dire, c’est tout de même mieux en le disant) !

Pour revenir à l’article évoqué, les neuf points qui y sont développés dans cet article recoupent les thèmes suivants :

  • Le lestage adapté
  • L’entretien de son détendeur
  • L’adaptation du débit du détendeur aux conditions de plongée
  • La diminution de la trainée dans l’eau
  • Le calme en plongée
  • La « pas d’efforts » attitude
  • Le froid, l’ennemi de tous les instants
  • Le non-usage des mains
  • La pratique régulière

Effectivement, un lestage adapté va permettre d’éviter de faire des efforts pour « trimbaler » les kilos de plombe supplémentaires, souvent accrochés à la ceinture par des plongeurs encore débutants ou peu sûrs d’eux et qui se trouvent la plupart du temps dans la posture psychologique de celui (ou celle) qui a peur de ne pas pouvoir tenir son palier en fin de plongée.

L’entretien régulier de son détendeur permettra à coup sûr d’éviter un problème de fonctionnement qui peut mettre en danger la palanquée, ou d’un détendeur mal réglé sur lequel il faut aspirer comme un fou pour obtenir de l’air. Ce cas plus courant du détendeur mal réglé amène toujours un rythme respiratoire désordonné et donc une surconsommation de gaz.

Beaucoup de détendeurs sont dotés de réglages comme une molette permettant d’assouplir l’effort inspiratoire, ou un clapet de type venturi permettant d’obtenir un effet d’accélération de l’air inspiré. Ces réglages sont souvent utiles pour diminuer l’effort inspiratoire lors de plongées profondes. En diminuant cet effort, on diminue la consommation de gaz.

La diminution de la trainée dans l’eau, en faisant la chasse à tous les accessoires qui pendouillent et font ressembler le plongeur à un arbre de Noël est une bonne pratique, car plus le plongeur est fluide, moins il aura d’effort à faire pour se déplacer, qui dit moins d’effort, dit moins de consommation.

La maîtrise de son propre stress (ce qui est plus facile à dire qu’à faire d’ailleurs) permet de contrôler facilement sa consommation. On consomme moins en position du lotus, qu’en étant agité et stressé !

Le plongeur qui parvient en quasi toute situation à éviter de faire des efforts ne se mettra jamais en situation de s’exposer à un essoufflement, et donc restera maître de sa consommation.

Un plongeur avisé est un plongeur qui sait se protéger du froid. Le froid est l’ennemi principal des plongeurs car il fera son effet tôt ou tard à chaque plongée. Il convient donc de bien protéger ses petons et ses mains, ainsi que la nuque et le crane. Un plongeur exposé au froid consomme beaucoup plus qu’un autre et se met en danger, on ne le répétera jamais assez.

Tous les mouvements parasites effectués avec les mains mobilisent des muscles inutiles pour la propulsion ! Lorsque je vois sous l’eau des plongeurs victime du syndrome de l’iguane (c’est à dire qu’ils remuent autant les jambes que les bras), je sais que ces plongeurs font des plongées beaucoup plus courtes.

Le dernier point évoqué est la pratique régulière. Bien évidemment, tout comme le cycliste qui enfourche son destrier tous les week-end parvient rapidement à avaler des kilomètres, le plongeur qui pratique de façon régulière habituera son organisme aux conditions subaquatiques et consommera moins.

Pour moi, cette liste n’est pas exhaustive, et à ces points, j’en ajouterais trois que je considère fondamentaux :

  • L’expiration
  • Le rythme ventilatoire
  • les mélanges

Forcer volontairement sur sa propre expiration permet de contrôler son rythme respiratoire, d’éviter de partir vers l’essoufflement, et de mieux contrôler son équilibrage.  J’ai coutume de répéter à mes apprenants que pour une seconde d’inspiration, il est de bon ton de s’appliquer à expirer pendant trois secondes au moins. Garder ce type de décompte en tête tout au long des plongées où on se forme permet de développer des automatismes respiratoires pour l’avenir et de l’appliquer lors des plongées d’explo dans les eaux limpides de la Mer Rouge ou d’ailleurs !

Lorsque nous sommes un « Homo Sapiens Sapiens » normal, c’est à dire en surface, notre rythme respiratoire inconscient suit le cycle « Inspiration / Expiration / Apnée expiratoire ». Cette apnée expiratoire dure quelques secondes. Losque nous devenons « Homo Aquaticus », c’est à dire dès que  nous nous immergeons, notre cerveau commande un changement de rythme et nous passons inconsciemment sur un cycle « Inspiration / Apnée inspiratoire / Expiration ». Ce cycle pervers, nous amène irrémédiablement vers l’essoufflement et nous fait consommer plus de gaz. Il faut réussir à en prendre conscience, et se forcer (et là, c’est compliqué mentalement) à repasser sur le cycle respiratoire de surface. En faisant cela, on diminue de façon drastique sa consommation.

Pour terminer mon petit billet, je dirais que la plongée aux mélanges permet d’éviter beaucoup de soucis et permet surtout de garder clairs les deux neurones actifs qui restent disponibles pendant nos immersions… Aussi plonger aux mélanges permet de garder tous ces éléments en tête et garantit en quelque sorte de faire de belles et longues plongées… !

Et vous, avez-vous d’autres trucs pour gérer et améliorer votre consommation de gaz ? Merci d’avance pour vos retours !

10 réflexions au sujet de “Comment moins consommer en immersion ?”

  1. Voici mes trucs pour aider a moins consommer l’air…

    Cylindre de plongée de 80 picu., ou 2265 L en aluminium à 3000 psi contient 80picu d’air.
    En moyenne un humain respire 6 litres ou . 0,21189 picu., d’air par minutes en surface.
    La conversion est ft³ =L * 0.035315 , L =ft³ / 0.035315 . En moyenne une veste gonflée contient 20 L d’air ou 0,7 picu .

    Allons dans les chiffres ronds pour comprendre mieux, à chaque fois que je gonfle ma veste au complet je mets 1 picu d’air sur mes 80 picu. Donc si je gonfle et dégonfle 80 fois je n’aurais plus d’air dans mon cylindre car notre cylindre a 80 picu. Nous consommons .02 picu par minute en moyenne. Lorsque je gonfle ma veste avec mon direct system, j’utilise 3 min d’air que je pourrais respirer, à la surface bien sûr. A 33 pieds on parle de 1.5 minutes mais c’est quand même 1.5 minutes.

    Alors mon truc #1 je gonfle toujours ma veste à la bouche avant d’entrer à l’eau.

    Mon truc #2 vient dans la même optique, nous respirons de notre détendeur et expirons pourquoi ajouter de l’air dans notre à partir de notre direct system, quand nous pouvons rajouter de l’air à la bouche en expirant naturellement au lieu d’expirer dans l’eau on expire un peu dans la veste pour être neutre si besoin est. En plus ceci fait pratiquer un des exercices que vous avez déjà pratiqué en cours soit le gonflage à la bouche de la veste de plongée sous l’eau. Ceci vous aidera aussi à être plus calme dans l’eau et si jamais vous avez une défectuosité de votre direct system vous savez quoi faire et serez moins stressé. De plus vous allez être moins portez à gonfler trop votre veste vous allez y aller plus doucement cela va vous aider à avoir une meilleur flottabilité, trop souvent les plongeurs mettent de l’air trop rapidement dans la veste et n’attendent pas que l’air fasse sont effet alors ils se retrouvent à être obliges à enlever de l’air.

    Truc#3 Avant de descendre, calmez votre respiration et si vous devez descendre tout de suite à cause des vagues etc., descendez à 15 pieds environ, vous allez pouvoir reprendre le rythme de votre respiration et consommez moins d’air que si vous descendiez directement a 40 pieds.

    Truc#4 Flottabilité, Ajuster votre flottabilité neutre avec votre veste et ensuite le reste cela se fait avec la respiration. Utilisez le moins possible votre direct system. Souvent lorsqu’ on utilise trop le direct system on fait ce que j’appelle l’effet Yoyo. Je coule, je mets de l’air dans ma veste souvent trop d’air, alors la remonte …. J’enlève de l’air …. Trop d’air… là je recoule …. Je remets de l’air…. etc. . Ne soyez pas un Yoyo.. Mais un plongeur …

    Truc#5 Photo si vous prenez des photos en moyenne les gens consomment plus d’air. Pourquoi ? Souvent c’est parce que ils vont avoir des problèmes de flottabilité. Avez-vous déjà remarque lorsqu’ on est concentré sur quelque chose que souvent on arrête de respirer ?
    Si nous arrêtons de respirer avec les poumons plein ceci va faire en sorte que on va commencer à remonter parce que nos poumons agissent comme un ballon. Alors on vide un peu la veste et on commence à couler parce que, à ce moment nous recommençons a respirer correctement et nous voilà reparti pour l’effet Yoyo. Donc si vous prenez des photos assurez-vous de respirer normalement expiration et expiration.

    Et surtout n’ayez pas une flottabilité nulle mais une flottabilité neutre …
    Car si vous avez une flottabilité nulle c’est que vous êtes nul en flottabilité

    • Merci Patrick pour ce retour argumenté !
      À ma connaissance, nous n’enseignons plus en France le gonflage du gilet à la bouche en immersion, car l’effort expiratoire peut-être important selon la profondeur, et que cela oblige à effectuer une manœuvre de lâcher/reprise d’embout

    • Désolé mais je ne suis que difficilement les unités impériales
      Ft3 encore je peux traduire par pieds cubiques mais les PICU, là j’ai du mal (en plus si nous parlons de pinte, les valeurs changent selon les pays)
      merci de m’éclairer (pour les Feet, ça ira).

  2. Gonfler son gilet à la bouche est surtout très mauvais. Bonjour l’hyper pression thoracique. Quand on sait qu’un tiers de la population aurait un FOP, c’est un peu risqué lors de la désaturation.

    • Merci Clem pour ta contribution !
      J’avais oublié effectivement que gonfler son gilet à la bouche en immersion met l’organisme en état d’hyper-pression, ce qui n’est pas top top.

  3. 69 ANS ex plongeur professionnel petits trucs toujours mis en pratique.
    inspiration brève expiration longue,
    Savoir doser ses mouvements par une relaxation musculaire ex quand je palme phase d’appui effort, retour jambes relachées elles remonteront toutes seules, pratique systématique du poumon/ballast evitant une surchage en lest qui entraîne un gonflage inutile de la stab offrant ainsi une surface de résistance à l’eau inutile etc…

  4. La consommation d’air est un sujet récurrent entre plongeur. Ceux qui consomment un peu, beaucoup, passionnément culpabilisent toujours un maximum. Les conseils que tu indiques sont très pertinents et ne peuvent effectivement qu’améliorer la « situation » en réduisant sa consommation d’air.
    Pour ma part j’ai 2 interrogations:
    * Des plongeurs passent de combinaison humide à combinaison étanche en se re lestant souvent assez fortement …et cela n’a apparemment aucune conséquence sur leur consommation …bizarre car le poids est un élément important
    * la physiologie, propre à chaque plongeur me parait également primordial. un « 85 kg » peut-il être aussi performant qu’un 50 ???
    Tout ça pour essayer de me justifier de consommer un peu trop malgré tes conseils !!!
    Amicalement

    • Merci Marc, l’important c’est de bien se connaître​ pour bien identifier les marges de progression

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